Groupe Dunoyer : la sécurité érigée en culture d’entreprise

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En raison des risques inhérents à son activité, le groupe Dunoyer (environ 50 M€ de chiffre d’affaires, en 2020) a toujours placé la question des risques au cœur de ses préoccupations. Cette politique préventive a participé à l’amélioration de la qualité de vie au travail… Ce savoir-être est désormais indissociable de son savoir-faire.

Spécialisé dans les métiers du bois et de la construction (charpente et menui­serie), le groupe haut-savoyard Dunoyer installé à Poisy a pris pour habitude, de­puis son origine en 1954, de maîtriser l’en­semble du processus de la construction de ses chalets. L’activité du groupe génère ainsi une palette de risques très étendue, de ceux liés à l’utilisation des machines ou de produits chimiques, aux déplacements sur site ou véhiculés, en passant par les projec­tions de poussières, copeaux ou liquides, les troubles musculo-squelettiques et les risques électriques, etc.

Sur les 110 salariés que compte l’entreprise, 45 d’entre eux travaillent dans les ateliers de production et une vingtaine intervient pour le montage, deux activités en particulier qui génèrent des risques importants. Directeur des services généraux chez Dunoyer, Serge Mouret annonce d’emblée : “la recherche de la sécurité maximale c’est une culture d’en­treprise”. Cette sécurité s’est améliorée au fil du temps.

Sécurité : évolution continue des mesures préventives

En 1954, au commencement de l’activité dans les ateliers, les travailleurs maniaient un marteau, des ciseaux ou une scie à main pour les grosses pièces de bois et tout était à faire en termes de prévention des risques. Puis la scie électrique a remplacé la scie manuelle. L’amélioration du matériel a dès lors permis de réduire les risques d’acci­dents et de limiter les troubles musculo-squelettiques (TMS). Serge Mouret re­connaît que “la mécanisation des tâches manuelles a sensiblement réduit les risques, parce que nos collaborateurs ne sont plus directement exposés à l’outil en tant que tel. Mais si le risque est proche de zéro avec la manipulation d’une machine, parce que des seuils de sécurité provoquent l’arrêt de celle-ci en cas d’utilisation erronée, il n’est pas nul pour autant. La mécanisation a pour effet pervers d’endormir parfois la vigilance des utilisateurs de ces machines.” Il explique : “Prenez l’exemple d’une scie à format, c’est-à-dire une scie circulaire fixée sur une table mobile à géométrie variable. Habitués à cette utilisation aisée de la machine, certains uti­lisateurs seront tentés de simplifier le proces­sus autorisé par la machine en poussant la pièce à couper à la main et non plus avec le poussoir prévu à cet effet.”

Serge Mouret le constate, le risque d’accident du travail est intimement lié à l’opé­rateur. “Si celui-ci est prudent et travaille selon les règles définies, il n’y aura pas de problèmes. En revanche, s’il est imprudent et croit qu’il peut faire ce qu’il veut de la ma­chine et la manipuler à sa guise sans respec­ter scrupuleusement les règles, il finira par y avoir un problème. Ainsi, le peu d’accidents du travail que nous avons eu, à chaque fois, résultait de l’inattention de l’opérateur.”

Pour éviter les relâchements, la sensibilisa­tion des collaborateurs à la prévention des risques est quotidienne dans l’entreprise. Les chefs de service doivent y veiller. “Il peut m’arriver, à moi aussi, de faire stopper une machine par l’opérateur, parce que j’ai constaté un mésusage de celle-ci, précise Serge Mouret. Je fais alors reprendre son maniement selon la procédure prévue.”

Intransigeance sur les EPI

Le directeur des services généraux constate, depuis quelques années, une prise de conscience des salariés sur les questions de sécurité et un effet positif sur les mau­vaises manipulations de machine ou les comportements inadéquats. Résultat ? En termes d’accidents du travail, le taux de fré­quence des accidents dans l’entreprise est inférieur à la moyenne enregistrée dans la corporation.

Sur les chantiers, l’intransigeance sur les questions de sécurité est similaire d’au­tant plus qu’en région montagneuse la construction d’habitations individuelles sur des terrains en pente peut impacter la sécurité des poseurs. Les risques de chute de hauteur sont particulièrement ciblés. Exemple : les trémies d’escalier doivent être bouchées et les échafaudages sont utilisés dès qu’ils sont nécessaires, y compris pour des tâches dont la durée d’intervention est réduite. Ces mesures préventives sont rentrées dans les mœurs et mises en place naturellement. En pratique, quand les pro­tections collectives ne peuvent pas être adoptées, les équipes sont dotées d’un kit anti-chutes (baudriers, enrouleurs en rap­pel automatique anti-chutes, longes…) qui accompagne les équipements de protection individuelle (EPI) classiques.

Le Groupe Dunoyer possède un magasin général conséquent de 400 m2. À l’inté­rieur, une pièce est dédiée aux EPI. “La distribution est à discrétion, souligne Serge Mouret. Certains de ces équipements sont empruntés pour le week-end par les colla­borateurs qui peuvent les oublier au retour le lundi matin. Auquel cas, on les remplace. On ne peut pas se permettre un accident sur un chantier, quelle qu’en soit la raison. Le coût d’un EPI, ce n’est rien en comparaison à un pied écrasé, un oeil abîmé par une pro­jection ou une audition touchée par manque de bouchons.”

Qualité de vie au travail améliorée

L’entreprise ne lésine pas avec la sécurité et cette recherche des solutions les plus inno­vantes se conjugue le plus souvent avec une amélioration des conditions de travail, y compris dans les détails. C’est le cas avec les chaussures de sécurité. “Dans la plupart des entreprises, explique Serge Mouret, l’achat de ces chaussures est négocié à 25 ou 30 € la paire. Les ouvriers indiquent leur pointure et leur choix s’arrête là. De notre côté, nous avons certes des chaussures en stock dans le magasin en cas de besoin urgent, mais nous préférons envoyer nos collaborateurs chez un fournisseur à proximité de l’usine avec un bon de commande de 60€ hors taxe, pour acheter une paire de chaussures de sécuri­té qu’ils choisissent et qu’ils essayent avant achat. Ils peuvent donc choisir le modèle le plus confortable possible.”

De la même manière, dans les ateliers et sur les chantiers, tous les collaborateurs se sont vus proposés des bouchons d’oreilles ergo­nomiques, avec empreintes individuelles. Ces bouchons filtrent les bruits néces­saires, la parole par exemple, et font barrage aux bruits dangereux. Ils remplacent les casques, aussi bien sur le site de production que sur les chantiers, qui pouvaient être ou­bliés l’été en raison de la chaleur.

Parmi les mesures collectives, le remplace­ment du dispositif d’extraction des pous­sières de bois a grandement participé à pré­venir les risques sanitaires, dans les ateliers, et plus globalement à améliorer les condi­tions de travail. Les ateliers sont désormais dotés d’un système d’aspiration à débit va­riable dont les moteurs sont situés hors des bâtiments. Le résultat est probant. La der­nière mesure de poussière effectuée dans l’atelier de production était inférieure à 1mg de poussière/m3 d’air. Le dispositif cumule, outre l’amélioration de la performance d’as­piration, un bruit moindre et une baisse de la consommation énergétique.

Bonnes pour la santé et la sécurité des col­laborateurs, ces mesures ont un effet im­médiat sur la qualité de vie au travail, un paramètre entièrement assumé dans l’en­treprise. Comme le signale Serge Mouret : “Travailler, c’est bien mais encore faut-il avoir envie d’aller au travail tous les matins. Comme j’explique souvent aux salariés, ils passent près d’un tiers de leur vie au travail. S’ils viennent en traînant les pieds, ce n’est bon pour personne, ni pour eux ni pour l’en­treprise.”

Stéphane Chabrier

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