Pêche, cultures marines, commerce, navigation et marine marchande, industrie et maintenance navale, métiers de la recherche et des énergies renouvelable… Les métiers de la mer sont constitués d’une multitude d’activités, à bord ou à terre. Si les perspectives d’emploi sont nombreuses (200 000 emplois dans les cultures marines et 100 000 dans la filière pêche, par exemple) le secteur peine toutefois à recruter. En cause, l’image dévalorisée de ces activités en raison notamment de conditions de travail jugées difficiles et des risques prégnants. L’ENIM, l’établissement public qui gère le régime spécial de sécurité sociale des marins à la pêche, la conchyliculture, la plaisance professionnelle et au commerce, souligne pourtant la baisse constante de l’accidentologie du travail maritime : plus de 50%, entre 2000 et 2019.
Dans le seul domaine de la pêche, secteur maritime le plus accidentogène, le nombre des accidents du travail déclarés sur une année a enregistré une baisse de 68 % entre 2000 et 2019 (de 2 715 à 929 ATM). L’accidentologie professionnelle maritime reste néanmoins élevée. Elle demeure par exemple plus élevée que dans le BTP selon l’indice de fréquence de 2019 (75 vs. 51).
En 2021, l’ENIM recensait à la pêche 725 ATM avec arrêt de travail. Selon les résultats des questionnaires obligatoires sur les circonstances de l’accident du travail maritime (QCATM), accompagnant chaque déclaration à l’ENIM, 60 % des accidents se sont produits lorsque le bateau était en pêche. Mais, surprise, ces accidents se sont produits en majorité (56 %) lorsque les conditions de navigation ont été jugées bonnes et dans plus de huit cas sur dix sur le pont ou la passerelle du navire. 40 % des accidents ont eu lieu au cours des opérations de manipulation de l’engin de pêche et de ses équipements et 23 % lors des tâches de travail focalisées sur les captures, comme leur manutention.
Concernant les activités embarquées, le Bureau International du Travail indique en préambule du recueil Prévention des accidents à bord des navires en mer et dans les ports que le travail à bord des navires présente une accumulation de risques : risques de la mer, risques des cargaisons, risques du travail, dans des conditions rendues plus complexes par l’évolution des techniques et des transports maritimes.
À terre, le nombre d’AT enregistrés dans l’activité de commerce de détail de poissons, crustacés et mollusques s’élève, en 2021, à 167 pour un indice de fréquence de 35,1.
Quant aux maladies professionnelles, 148 ont été accordées par l’ENIM en 2021, les deux tiers d’entre elles concernaient des troubles musculo-squelettiques (TMS). De la même manière, dans les quelques cas de MP accordées en 2021 dans le cadre du régime général, pour les salariés du commerce de détail de poissons, crustacés et mollusques, plus de neuf sur dix étaient liées à des affections périarticulaires.
À terre ou en mer, les chefs d’entreprise ont une obligation de préserver la sécurité de leurs salariés et de leurs marins. Selon les experts, la prise de conscience a déjà eu lieu dans un secteur marqué par la diversité de ses activités et donc la multitude de risques qui en découle.
L’ENIM analyse : « Dès lors que les investissements dans la prévention sont bien structurés, que l’accent est mis sur des actions de formation d’ergonomie et de transformation de l’organisation et que les travailleurs sont impliqués dans le choix des actions à mettre en œuvre, ils peuvent être économiquement rentables pour l’entreprise… avec un ratio coût/bénéfices qui peut être supérieur à 4 ! » (1).
Stéphane Chabrier
(1) Étude européenne (EU-OSHA 2014).