Dazza : des mesures d’hygiène renforcées avant la crise sanitaire

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Comme toutes les entreprises, cette PME familiale de travaux publics, spécialisée dans les réseaux, a dû faire face brusquement à la pandémie. Avec ingéniosité, elle a trouvé des moyens d’adapter les conditions d’exercice de son activité pour protéger ses salariés.

C’ est pour avoir fait face avec une très grande efficacité à la Covid-19 que l’entreprise de travaux publics Dazza (environ 400 chantiers par an) a été récompensée, à la fin de l’année 2020, d’un prix dans la catégorie “Mobilisation des salariés”, lors de l’édition 2019 du “Concours sécurité”, organisé par le Serce et l’OPPBTP (1).
Quand la pandémie a surgi, début 2020, cette PME savoyarde, implantée au bord du lac Léman (5,5 millions de chiffre d’affaires, en 2019), avait déjà une longueur d’avance en termes de prévention des risques sanitaires. “À partir de 2018, nous avons connu une surcharge d’activité doublée d’une difficulté à recruter. Par conséquent, nous ne pouvions pas nous permettre d’avoir des défections pour des grippes ou des gastro-entérites”, évoque Davy Cruz Mermy, le directeur général. Cet impératif l’a conduit à instaurer des mesures de prévention atypiques à l’époque : interdiction de se serrer la main, mise à disposition de gel désinfectant, recommandation de se laver les mains le plus souvent possible. Et l’employeur n’a pas hésité à renvoyer chez eux des salariés pris de toux, avant qu’ils ne contaminent leurs collègues. “À chaque période grippale, les salariés sont sensibilisés. Ces messages ont préparé les esprits”, reconnaît le dirigeant. Des mesures efficaces. L’ entreprise a connu une seule absence pour raison sanitaire depuis 2017.

Adapter les mesures de protection

Malgré ce terrain bien préparé, la pandémie a soulevé de nouvelles difficultés. Sur les chantiers de grande ampleur, Dazza a l’habitude d’installer des bases vie bien équipées. Des citernes d’eau et du savon permettent aux salariés de s’y laver les mains. En revanche, sur les chantiers mobiles, ceux qui durent moins d’une quinzaine de jours et parfois une seule demi-journée, impossible de déployer une telle logistique. “Au départ, nous avons demandé aux salariés de télécharger une application qui leur donne l’emplacement des toilettes publiques à proximité mais la plupart étaient fermées en raison de la Covid”, témoigne le responsable. Dazza s’est aussi appuyée sur un guide, des vidéos et des fiches de recommandations élaborées par l’OPPBTP (2). La PME a doté ses ouvriers d’un “kit de base” comprenant des masques (FFP2 uniquement ou certifiés de catégorie 1), des gants, des lunettes de protection, du savon et des sacs poubelle (pour y jeter leurs masques usagés). Dans les premiers jours, l’entreprise a pu faire face grâce à un stock de masques existant, mis à disposition du personnel pour des activités émettrices de particules telles que le tronçonnage. Mais, très rapidement, elle a dû se lancer dans une “chasse” aux masques disponibles dans les supermarchés et les pharmacies de la région. Aujourd’hui, Dazza est parvenue à sécuriser ses approvisionnements durablement mais à prix d’or.

Les équipes informées grâce à Telegram

Certes indispensable, la mise à disposition d’équipements de protection ne suffit pas à écarter le risque d’une contamination par la Covid-19 pendant le travail. Ingénieur géologue de formation, Davy Cruz Mermy garde en tête la conduite à tenir face aux catastrophes naturelles. Des vies ont été épargnées à chaque fois que le plus de personnes possible ont reçu rapidement les informations appropriées. Ce principe de sauvegarde, Dazza l’a déjà mis en pratique en 2019 lors des périodes de canicule, en envoyant des SMS à ses salariés pour adapter leurs horaires. Une communication efficace mais lourde à gérer puisqu’elle impose de composer une vingtaine de numéros de téléphone différents. L’irruption de la Covid a donné au PDG l’idée d’une autre solution : utiliser l’application de messagerie gratuite Telegram, en demandant à ses salariés de l’installer sur leur smartphone personnel (seuls quinze d’entre eux bénéficiant d’un appareil dans le cadre de leurs fonctions). Une solution sans aucun coût, qui ne contrevient pas aux règles de protection des données personnelles défendues par la Cnil (3), notamment le Règlement général de protection des données personnelles (RGPD). “Je me suis engagé à ne pas les bombarder de messages inappropriés ni à des horaires atypiques”, défend le patron. L’objectif est de pouvoir contacter tout le monde, même dans des secteurs qui captent mal, pour donner des instructions urgentes ou liées à la prévention. Ainsi, l’application de messagerie cryptée est devenue un canal de communication privilégié entre l’entreprise et ses salariés sur le terrain et sert aussi à transmettre les attestations de déplacement dérogatoire.

Animer la prévention

Grâce à Telegram, la PME a également trouvé un moyen de réunir ses salariés sans prendre de risque. Lors de la reprise de l’activité, après le premier confinement, le PDG a rassemblé ses troupes en plein air dans la cour de l’entreprise et à bonne distance les uns des autres. Smartphone en main, chacun a pris connaissance sur l’application des consignes de sécurité. Ce canal permet également des échanges sur des sujets tels que le port du masque, dont les salariés ont demandé à ce qu’il soit permanent. De leur côté, les visiteurs sont tenus de s’en équiper et du gel hydroalcoolique a été mis à leur disposition à l’entrée de l’entreprise. Aucune de ces mesures ne figure dans le règlement intérieur mais dans un livret dont chaque salarié a reçu un exemplaire et s’est engagé par écrit à en respecter les consignes. Une vingtaine de pages qui proposent des solutions adaptées aux différentes situations de travail. Ainsi, sur les chantiers, tous les outillages ont été doublés pour éviter qu’ils passent de main en main. “De même, on ne passe pas son véhicule ou son engin, à moins de le désinfecter préalablement avec un spray et des lingettes, puis de jeter celles-ci dans un sac plastique”, explique le PDG. Enfin, Telegram permet de maintenir les liens entre des équipes de plus en plus isolées les unes des autres. “On peut faire des retours sur les situations à risque et les bonnes pratiques et on organise des petits comités qui sont comme des réunions de chantier”, explique Davy Cruz Mermy. Une manière de faire vivre un collectif de travail, presque comme avant.
Malgré le contexte de crise sanitaire, l’entreprise n’oublie pas les autres types de risques auxquels sont confrontés ses salariés au quotidien. Elle vient par exemple de former la trentaine de personnels travaillant sur les chantiers afin qu’ils soient tous en possession du certificat de sauveteur secouriste du travail (SST).

Jean-Philippe Arrouet

(1) Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique et Organisme professionnel de prévention pour le bâtiment et les travaux publics. (2) https://www.preventionbtp.fr/ressources/boites-a-outils/covid. (3) Commission nationale de l’informatique et des libertés.

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