RISQUE ROUTIER : Vers une sensibilisation accrue des TPE-PME

Share on facebook
Share on twitter
Share on email

Les accidents de la route restent la première cause de mortalité au travail. Cette réalité qui se répète chaque année reste toutefois méconnue par de trop nombreux chefs d’entreprise. Quant aux comportements au volant, ils ne s’améliorent pas, bien au contraire. Il est donc essentiel, pour la sécurité des actifs et parce que la responsabilité des chefs d’entreprise est engagée, de sensibiliser les entreprises, notamment les plus petites d’entre elles.

.

Hors trajet domicile-travail et sans que les déplacements véhiculés soient au cœur de leur activité professionnelle, près de huit actifs sur dix réalisent au moins une fois par semaine des déplacements en mission. Cette fréquence d’utilisation d’un véhicule, en léger recul par rapport à 2022 (79 % vs 81 %), est essentiellement due à la baisse de la fréquence des usages quotidiens (- 6 points en 2023, soit 44 %). En revanche, la part de ceux qui utilisent un véhicule moins d’une fois par semaine augmente à 21 %.

L’usage d’un véhicule, en mission, pour les salariés reste donc une pratique essentielle pour les entreprises, dont les TPE, dans le cadre de leur activité professionnelle. Or, les comportements au volant des actifs ne s’améliorent pas. Bien au contraire.

Des comportements qui se dégradent

84 % des actifs interrogés déclarent en effet adopter au moins occasionnellement un comportement à risque, au volant. Pire, la dégradation concerne les cinq comportements dangereux soumis aux personnes interrogées, y compris la conduite en ayant consommé plus de deux verres d’alcool (de 18 à 22 %, en un an). Les règles du Code de la route sont aussi bafouées : souvent, de temps en temps ou rarement par 31 % des actifs sondés, concernant les règles de priorité et par 73 % pour le non-respect des limitations de vitesse.

Le comportement à risque qui progresse le plus au cours des trajets professionnels est la somnolence au volant. 38 % des personnes interrogées avouent cet écart de conduite (contre 32 %, en 2022). L’utilisation du téléphone au volant (pour passer ou recevoir un appel, lire ou écrire et envoyer un SMS ou un mail, voire échanger via les réseaux sociaux…) augmente aussi (+5 %). Aujourd’hui, plus de la moitié des sondés (52 %) qui conduisent au cours de trajets professionnels ont déjà fait usage de leur téléphone au volant. Résultat ? Les accidents de la route sont principalement imputés au manque d’attention (38 % à 54 %, entre 2021 et 2023).

Il est donc inquiétant de constater que l’usage du téléphone au volant s’installe peu à peu dans les habitudes. « C’est la notion de bureau embarqué qui s’enracine dans les esprits, précise Christophe Ramond, directeur des études de l’association Prévention Routière. C’est alarmant et il nous reste beaucoup de chemin à parcourir pour combattre cette idée. Dans le milieu professionnel, reprend-il, l’utilisation des outils de communication dans les véhicules fait reposer le risque sur le salarié au volant. Il y a un droit à la déconnexion qui a été introduit dans le Code du travail. Malheureusement, il ne prend pas en compte la situation de la conduite d’un véhicule. C’est une erreur !»

Une méconnaissance de la réalité

On ne parvient pas, non plus, à progresser sur le thème de la sensibilisation des chefs d’entreprises sur le risque routier et leur responsabilité en cas d’accident. Moins d’un tiers d’entre eux (31 %) identifie le risque routier comme le premier facteur de mortalité au travail. Cette part est d’ailleurs en régression depuis 2015, de 4 points.
Cette méconnaissance de la réalité s’accompagne aussi d’une relative méconnaissance, de la part toujours des dirigeants d’entreprise, de leur responsabilité. Ils sont 64 % à savoir que celle-ci peut être engagée en cas d’accident d’un salarié sur un trajet effectué dans le cadre de son activité mais ils ne sont plus que 49 % en ce qui concerne l’accident d’un salarié sur son trajet domicile-travail. Un des éléments qui peut expliquer cette méconnaissance réside sans doute dans la faible proportion des chefs d’entreprise de l’échantillon qui a déjà eu à engager sa responsabilité lors d’un accident de la route impliquant l’un de ses salariés, en mission ou sur son trajet domicile-travail (6 %). Dans ce cadre, l’étude révèle aussi que le manque d’information sur leur responsabilité se vérifie en particulier dans les TPE de moins de 10 salariés. Corrélativement, l’étude révèle que si la mention du risque routier est avérée dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), pour 82 % des entreprises de 250 salariés et plus, il n’atteint que 39 % dans les seules TPE.

Mieux sensibiliser les dirigeants des TPE

Comment interpréter cette disparité ? Pour Christophe Ramond, il est possible que dans les TPE de moins de 10 salariés, le dirigeant qui est lui-même le plus souvent un artisan qui a appris dans le cadre de son activité à intervenir sur le terrain avant de diriger une entreprise, a tendance à se concentrer sur les obligations réglementaires. Or, le risque routier n’est pas suffisamment et clairement identifié parmi ces obligations.

Ainsi, dans les TPE notamment, le risque routier serait sous-estimé par les chefs d’entreprise, parce qu’il ne serait pas identifié comme faisant partie de l’activité première de l’entreprise.

Comment faire évoluer cet état d’esprit dans les petites entreprises ? Il est important selon Christophe Ramond que le DUERP reste la pierre angulaire de la politique de prévention des risques et parmi eux, ceux liés à la route, en particulier. Il faut s’assurer que ce document soit rédigé systématiquement et qu’il intègre le risque routier qui est invariablement associé à l’activité d’une entreprise ou au minimum au déplacement sur le trajet domicile-travail de ses salariés.

Stéphane Chabrier

Source : étude Ifop réalisée pour MMA, du 3 au 14 avril 2023.


Des outils pour sensibiliser les salariés

L’assureur MMA accompagne son enquête d’une campagne d’information. Une vidéo d’animation de sensibilisation aux risques routiers professionnels est disponible sur son site Internet, à l’attention des chefs d’entreprise, pour diffusion à leurs salariés, ainsi qu’une charte de bonne conduite, des fiches conseils sur les principaux risques au volant et des affiches d’informations à personnaliser (avec le logo de l’entreprise) et à afficher sur le site de l’entreprise. (Pour en savoir plus : www.mma.fr/a-propos/prevention-risques-routiers.html).

Le groupe Pôle Prévention propose une formation en e-learning spécialement dédiée à la prévention du risque routier. Cette formule a l’avantage de la souplesse car le salarié peut suivre son parcours de formation à son rythme, via son ordinateur, ou son smartphone. Validée à chaque étape d’acquisition de connaissances par un test, cette formation se conclut par la remise d’une attestation de formation après la réussite du test final. (Pour en savoir plus : www.pole-prevention.com/formation/e-learning/).

Maintenant abonnement au départ
seulement 4,90 EUR

Inscrivez-vous à notre newsletter