DROIT À LA DÉCONNEXION : Prévenir les risques liés au numérique

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En quelques années, les outils numériques ont envahi nos vies et profondément bouleversé nos façons de travailler. Or, s’ils rendent de nombreux services et peuvent faciliter l’exécution de nombreuses tâches, leur usage mal maîtrisé n’est pas sans risque pour les travailleurs et les organisations.

Le principal risque est celui de l’hyperconnexion, ainsi décrit par Virginie Govaere, responsable d’études sur les risques technologiques et logistiques à l’INRS. : “Une connexion trop importante engendre une surcharge informationnelle qui rend plus difficile la concentration. De plus, les salariés alternent les tâches de surveillance des différents outils de communication avec leur travail habituel. Cela peut se traduire par une intensification du travail et, comme tout est urgent et doit être traité, les salariés ressentent de la fatigue, du stress et le sentiment d’être dépassés.”

Afin de prévenir ce risque, la Loi Travail du 8 août 2016 a introduit, au 1er janvier 2017, un droit à la déconnexion. Celui-ci répond au fait que les technologies numériques rendent possible le travail hors des horaires et du lieu de travail. Tout le monde, ou presque, dispose d’un téléphone portable ou d’une adresse mail et reçoit de l’information en permanence. Il est donc possible de répondre partout, tout le temps, ce qui rend difficile la déconnexion. “Cela induit, chez le salarié la possibilité d’un travail permanent, avec pour effet de favoriser la diminution du temps de repos, et pouvant ainsi provoquer à terme, de l’épuisement.” Un risque qui, bien entendu, s’est encore accentué avec le récent essor du télétravail.

Ce droit à la déconnexion est défini par la loi comme “le droit pour tout salarié de ne pas être connecté à un outil numérique professionnel (smartphone, ordinateur, tablette, messagerie, logiciels etc.) en dehors de son temps de travail”, afin de “garantir le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale”.

Selon la loi, seules les entreprises dotées de représentants syndicaux ont l’obligation d’introduire le droit à la déconnexion dans le cadre de la négociation collective sur la QVT et l’articulation entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Toutefois, rien n’empêche les entreprises de plus petites tailles de l’instituer, en l’inscrivant dans une “charte de bonnes pratiques numériques”.

Dirigeant d’un petit cabinet de conseil aux entreprises, Stéphane Callaert l’a fait et s’en félicite : “Le facteur déclenchant a été l’appel d’un collaborateur en plein week-end pour une question qui aurait très bien pu attendre le lundi matin. J’ai compris que nous devions mettre un terme à cette évaporation de la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle. Le lundi matin, j’ai réuni mes collaborateurs et après quelques échanges nous avons adopté notre charte d’usage du numérique. Sa formalisation nous a coûté deux heures de temps mais a apporté une grande sérénité dans le fonctionnement du cabinet.”

Témoignage d’IPRP

Isabelle Mège : “Sur la route, le droit à la déconnexion doit devenir une obligation de déconnexion.”

“L’impact majeur des technologies numériques sur nos façons de travailler est devenu évident aux yeux de tous lors des confinements qui ont contraint de nombreuses entreprises et de nombreux travailleurs à recourir au télétravail à haute dose. Du coup, à force de se focaliser sur cet aspect on en est presque venu à oublier que ces outils étaient déjà massivement utilisés par les travailleurs nomades.

Ces consultants, commerciaux ou VRP ont été les premiers à être équipés de technologies permettant d’être joignables partout, y compris dans leurs véhicules, avec évidemment la tentation bien compréhensible de rentabiliser les heures passées sur la route en les transformant en véritables bureaux mobiles.

Or, on sait désormais que cette mauvaise habitude décuple dramatiquement le risque d’accident de la route. Il est donc impératif, pour toute entreprise, de stipuler, dans leur charte des bonnes pratiques numériques, l’interdiction absolue de téléphoner, lire ou envoyer des SMS ou des mails pendant leurs déplacements. Sur la route, le droit à la déconnexion doit devenir une obligation de déconnexion !”

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