ASSOCIER LES COLLABORATEURS : L’intelligence collective au service de la SST

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“La sécurité est l’affaire de tous”, proclame un précepte bien connu. Encore faut-il qu’il soit traduit en acte. Une bonne méthode consiste à associer l’ensemble des collaborateurs aux initiatives prises en matière de santé et de sécurité au travail. Il n’est, pour cela, pas nécessaire de construire une usine à gaz mais simplement de recueillir leurs avis.

Plusieurs méthodes sont possibles. Certaines entreprises, notamment dans le BTP, consacrent quelques minutes en fin de journée ou en fin de chantier à un débriefing relatif à la sécurité : chacun est ainsi invité à signaler ce qui n’a pas fonctionné ou ce qui pourrait être amélioré. De la sorte, le chef de chantier ou d’entreprise signale ainsi l’importance qu’il accorde à la sécurité et responsabilise tous les membres de l’équipe. Cela ne coûte rien et permet parfois de résoudre de vrais problèmes qui, sinon, seraient restés dans l’ombre.

Une autre initiative consiste, pour le patron, à faire le tour de l’entreprise avec un ou plusieurs collaborateurs, notamment le salarié compétent en matière de sécurité (voir page 21) et celui ayant suivi la formation de sauveteur secouriste du travail (SST), voire avec l’Intervenant en prévention des risques professionnels accompagnant l’entreprise. Le but ? Noter, calepin à la main, toutes les menues améliorations qui pourraient être réalisées pour prévenir les risques.

Cette tournée régulière, trimestrielle ou bi-annuelle, permet de repérer des actions correctives très simples : recoller un coin de moquette qui se décolle depuis des années, signaler un risque de choc à la tête, etc. Elle doit aussi permettre un rapide dialogue avec chacun des opérateurs au sujet de leur poste de travail et de leurs tâches. Qu’est-ce qui leur permettrait d’accomplir leur travail plus aisément et plus efficacement ? Ici encore, des idées simples et efficaces peuvent en ressortir : rehausser un établi d’une dizaine de centimètres pour ne plus se “casser le dos”, acheter un tapis anti

-vibrations, changer une étagère de place pour porter moins longtemps ce que l’on vient y chercher chaque jour, acquérir de nouvelles solutions de rangement du matériel, déplacer l’orientation d’un bureau pour éviter les reflets du soleil sur l’écran, etc.

Certes, parfois, d’autres suggestions peuvent être plus onéreuses, comme l’achat d’une solution de manutention mécanique… Mais rien n’empêche alors d’expliquer que cette acquisition sera budgétée sur une durée déterminée.

Ces échanges sont toujours très fructueux, car les travailleurs sont généralement très avisés sur les améliorations des postes de travail qu’ils occupent toute la journée. Et contrairement à une crainte fréquente, ils préfèrent nettement les solutions astucieuses aux solutions onéreuses. Ces échanges permettent ainsi de mobiliser l’intelligence collective sur les questions de sécurité.

Surtout, ces tournées régulières et ces échanges contribuent à modifier le regard que les membres de l’entreprise portent sur la prévention des risques. Alors qu’ils l’envisagent souvent comme des règles et des contraintes dictées par la réglementation ou la hiérarchie, cette façon de faire permet qu’ils s’approprient cette question et deviennent véritablement acteurs d’une dynamique de progrès partagé.

Témoignage d’IPRP

Jaafare Kanfouah : “Il faut prendre le temps de parler de sécurité avec les collaborateurs de l’entreprise.”

“Dans une petite entreprise d’activité de vente de matériaux de construction, située dans le Puy-de-Dôme, j’ai effectué une visite de prévention du site de l’entreprise dans le cadre de la mise à jour du DUERP. Une mezzanine où était entreposé du matériel a attiré mon attention. Celle-ci était particulièrement difficile d’accès. Pour y monter, ils utilisaient un moyen peu académique et pas franchement sécurisé : un collaborateur montait sur une palette qui était hissée à l’aide du chariot élévateur face à la mezzanine ! C’était un procédé risqué et en cas de contrôle de l’inspection du travail, le chef d’entreprise aurait eu du mal à se justifier car il est totalement interdit de monter sur les fourches de ces engins. Le dirigeant reconnaît qu’il s’agit là d’un vrai problème puisqu’il avait envisagé de construire un escalier mais il avait dû abandonner l’idée, celui-ci aurait été trop pentu. J’ai suggéré de prendre le temps d’en parler et d’y réfléchir avec l’ensemble des salariés concernés. C’est lors de cet échange qu’est apparue la solution : acquérir une échelle sur roulette à plateforme sécurisée, un peu comme le type d’installation qu’on peut voir dans certaines bibliothèques ou sites d’archivage. Elle s’appuie sur un rail en hauteur et peut ainsi se déplacer latéralement, permettant d’intervenir d’un côté ou de l’autre de l’espace en hauteur. Pour ma part, j’en retire un enseignement capital : parler de sécurité avec ses collaborateurs permet de résoudre bien des problèmes !”

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