Les entreprises de sécurité privée sont finalement parvenues à être prêtes pour les Jeux olympiques. Mais ce succès n’efface pas les difficultés chroniques de recrutement du secteur. Pour renforcer leur attractivité, les employeurs les plus avisés misent sur la professionnalisation, la revalorisation des rémunérations et l’amélioration des conditions de travail.
C’est peu dire que les Jeux olympiques ont permis de mettre sous les projecteurs l’importance croissante prise, dans nos sociétés, par les agents de sécurité privée.
Afin d’assurer la sécurité dans la région parisienne, près de 50 000 agents de sécurité privée issus de 48 entreprises différentes ont été embauchés afin d’épauler les 30 000 policiers et gendarmes mobilisés dans la capitale et sa périphérie. Afin de relever ce défi, le nombre de cartes professionnelles délivrées a plus que doublé comparé à l’année dernière, portant le nombre total d’agents de sécurité à environ 200 000 agents de sécurité contre 117 000 en 2002.
Mais, de l’avis général, cette explosion du nombre de professionnels ne permettra pas de résoudre durablement les problèmes de main-d’œuvre rencontrés, de façon chronique, par le secteur. En effet, pour relever le défi des JO, le ministère de l’Intérieur a multiplié les accommodements à court terme. Ainsi, le cadre réglementaire a été adapté pour proposer des formations « express » de 106 heures. Taillées sur mesure pour les JO, elles offrent des cours de palpations, de bonnes pratiques pour faire baisser la tension lors de bagarres ou réagir en cas d’attaque terroriste. Un dispositif efficace mais ne débouchant que sur des postes temporaires « grands événements » qui ont notamment séduit de nombreux étudiants. De même, l’État a exceptionnellement permis aux agents publics de cumuler leur emploi avec des activités de sécurité privée pendant la durée des Jeux. Autant dire que beaucoup des embauchés de ces dernières semaines ne persévéreront pas dans leur emploi à l’issue des JO. « Dès septembre, nous retrouverons les problèmes de main-d’œuvre », pronostique un professionnel.
Pour renforcer durablement l’attractivité du secteur, les professionnels du secteur mettent en avant les importants efforts de professionnalisation entrepris depuis plusieurs années pour satisfaire au renforcement de la réglementation dont elles ont été progressivement l’objet. « Le développement de diplômes et de formations qualifiantes permet de revaloriser progressivement l’image de la profession et de la rendre plus attractive », estime le patron d’une entreprise spécialisée dans le gardiennage.
Les autres axes de progrès consistent à réévaluer les rémunérations et à améliorer les conditions de travail. Le turn-over important et le départ des salariés les plus âgés montrent en effet que les salariés du secteur n’y trouvent pas durablement leur compte.
À cette fin, les entreprises les plus avisées s’engagent dans des démarches globales de Qualité de vie et des conditions de travail (QVTCT). Pour Philippe Mège, directeur technique chez Pôle Prévention, « le point clé est de comprendre que les départs ne sont pas tant liés aux agressions et tensions avec le public, considérées comme des “risques du métier”. » Selon lui, les agents vivent en revanche beaucoup plus mal « les problèmes d’organisation, de management et de planning qui impactent leur vie privée, ou encore le manque d’aménagement des postes de sécurité qu’ils interprètent comme un manque de considération ».
Notre dossier s’attache donc à l’évaluation et à la prévention de l’ensemble des risques professionnels auxquels sont confrontés les agents de sécurité. Parce que leurs aspirations professionnelles sont finalement assez similaires à celles de tous les travailleurs.
Christophe Blanc