Les chutes de plain-pied ont été l’origine de 17 % des accidents du travail reconnus par l’Assurance Maladie au cours de l’année 2020. Elles sont ainsi la seconde cause d’accidents, derrière les manutentions manuelles (50 %) mais devant les chutes de hauteur (12 %).
Un salarié trébuche sur un pot de peinture ou se prend les pieds dans le cordon électrique d’une imprimante et se brise le poignet en tombant. C’est le prototype de l’accident dit “bête”. D’autant plus “bête” en effet que des mesures simples peuvent permettre de l’éviter.
La première mesure à prendre consiste tout simplement à… ranger, pour éviter l’encombrement des locaux et les obstacles, en prévoyant des zones dédiées au stockage et en s’assurant qu’aucun fil ou câble n’entrave la circulation. D’autres mesures, à peine plus contraignantes, sont recommandées par l’INRS : assurer un éclairage adéquat des zones de circulation, limiter le risque de glissade en choisissant des revêtements de sols adaptés, nettoyer immédiatement les sols souillés, voire définir un plan de circulation si celui-ci n’est pas intuitif, tout particulièrement lorsque des piétons et des véhicules sont amenés à cohabiter en un même lieu. C’est aussi valable à l’extérieur des locaux, notamment sur les parkings et voies d’accès à l’entreprise. Enfin, indispensable prise en compte des changements d’usages, il faut inciter les salariés à ne pas consulter leurs téléphones et tablettes lorsqu’ils se déplacent !
Témoignage d’IPRP
Émilie Noel : “Au travail, la sécurité commence par le rangement : chaque chose à sa place !”
“L’année dernière, une mairie fait appel à nous pour l’aider dans la mise en place du document unique d’évaluation des risques professionnels. Passage obligé, je visite avec l’élu en charge des travaux et deux agents techniques l’atelier municipal. J’aperçois des produits éparpillés dans les locaux, des outils dispersés sur l’établi et sur des étagères, des boîtes vides et d’autres trop remplies, du matériel qui déborde d’une mezzanine, du bois et des sacs au sol… Bref, un vrai capharnaüm qui ne donne pas envie de travailler et présente en revanche beaucoup de risques professionnels : matériels non conformes, chute, produits chimiques mal utilisés…
Des ateliers, j’en ai vu d’autres, des mieux mais aussi des moins bien. En tout cas, j’ai assez de recul pour dire qu’il est possible de faire autrement. L’idée est toute simple : améliorer ses conditions de travail et sa sécurité en faisant l’une des choses les plus simples qui soient : ranger ! Je l’explique à mes interlocuteurs qui, par intelligence, réussissent à prendre de la hauteur sur la situation et se disent prêts à agir.
L’année suivante, je retourne les voir et visite l’atelier. Tout a changé. Très fiers, l’élu et les agents techniques m’expliquent qu’à la suite de mon passage, ils ont pris le temps d’organiser leur atelier : tri, rangement et nettoyage. Les affaires sont entretenues, en meilleur état et se retrouvent plus rapidement, chaque chose a trouvé sa place. Au-delà d’une réduction substantielle des risques physiques, chacun convient aussi que le travail y est devenu plus agréable et plus efficace.”