Capable de secourir efficacement tout collègue victime d’un accident de travail, le sauveteur secouriste du travail (SST) est aussi un précieux vecteur de culture de prévention.
Le premier bienfait de la présence d’un SST est évident. Le SST est avant tout un “sauveteur”. Comme le stipule la circulaire 53/2007 qui lui est consacrée, il s’agit de “disposer, dans tous les établissements et sur les chantiers, d’hommes et de femmes en nombre adapté et bien répartis, capables d’intervenir immédiatement et efficacement après tout accident”. Arrêter ou limiter une hémorragie dans l’attente de secours, détecter à temps un coup de chaleur, ou tout simplement savoir comment prévenir les secours… En maintes circonstances, ces compétences pas si difficiles à acquérir ont permis de sauver des vies ou de réduire les conséquences d’un accident.
C’est pourquoi, en vertu de l’article R. 4224-15 du Code du travail, disposer de SST est une obligation qui concerne tous les types d’employeurs : aussi bien les entreprises que les collectivités territoriales, dès lors que sont accomplies des tâches dangereuses. Une enquête publiée par la revue Références en santé au travail révèle que 45,6 % des SST “ont apporté leur aide lors d’une situation nécessitant de porter secours dans l’entreprise”. Et preuve que cela ne concerne pas les seuls secteurs “à risque” comme l’industrie ou le BTP, c’est le cas de 44,8 % des SST exerçant dans le commerce et les services.
Toutefois, le rôle du SST ne s’arrête pas là. Le SST est aussi un précieux auxiliaire de prévention. En effet, depuis une dizaine d’années, la mission des SST n’est plus centrée sur le seul secours. Dans les documents de référence consacrés à la formation des SST, l’INRS affirme explicitement “sa volonté de positionner cette formation comme moyen fort, prioritaire, de sensibilisation et de diffusion de la prévention dans les entreprises de tout secteur d’activité”. Une étude consacrée, en 2018, à l’accidentologie des jeunes travailleurs confirme la pertinence de cette approche. En effet, les jeunes ayant bénéficié d’une formation de Sauveteur Secouriste du Travail (SST) ont en moyenne 30 % d’accidents du travail en moins que les autres. Ce résultat démontre avec éclat que le SST n’est pas seulement un sauveteur intervenant lorsque l’accident est survenu mais qu’il contribue aussi à la prévention des risques.
Les employeurs sont parfaitement conscients de ce double bienfait. Selon l’enquête de la revue Références en santé au travail, “le motif de la formation SST pour les chefs d’entreprise est de disposer de secouristes dans l’entreprise pour 78 %, de disposer de salariés sensibilisés aux risques professionnels pour 67 %”.
Témoignage d’IPRP
Benjamin Hily : “Un équipement de protection individuel adapté est un bon investissement.”
“J’interviens depuis 8 ans dans une métallerie, en Haute-Savoie, qui compte moins d’une dizaine de salariés. Au début de mon activité auprès de cette entreprise, je me suis rendu compte qu’ils avaient depuis plusieurs années une récurrence d’un ou deux accidents du travail par an liés à des projections de paille de fer dans les yeux. La conséquence était à chaque fois, trois à quatre jours d’arrêt de travail pour le salarié en question.
Le chef d’entreprise se rendait compte du problème mais ne l’avait pas réglé. Je me suis intéressé aux lunettes de sécurité. Les collaborateurs les portaient lors des activités à risque, de meulage des métaux par exemple, mais les limailles de fer projetées passaient par-dessous les lunettes qui n’étaient pas vraiment adaptées. Je leur ai proposé de changer les lunettes.
Certes à l’achat, le nouveau modèle était plus onéreux que le précédent, mais en faisant une analyse complète des coûts engendrés par les arrêts de travail provoqués par les accidents, le changement de lunettes s’est révélé bénéfique pour l’entreprise et surtout davantage protecteur pour les salariés. Depuis cinq ou six ans que l’entreprise a adopté le nouvel EPI, il n’y a plus eu d’accident de cet ordre.”