“La première responsabilité des entreprises est d’assurer la santé et la sécurité de ses collaborateurs”, affirmait Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) en plein cœur de la crise sanitaire (1). À ce moment, il se bornait à rappeler que les entreprises doivent impérativement prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité et la santé de leurs salariés.
Comme on le sait, les entreprises n’ont pas démérité. Selon une enquête réalisée par l’Institut Ifop pour le groupe de protection sociale Malakoff Humanis (2), 85 % des salariés français considèrent que “leur entreprise a protégé la santé de ses salariés par la mise en place des mesures nécessaires : gestes barrières, distanciation, équipements de protection (gel, masque…), procédures de nettoyage, désinfection des espaces et des équipements, etc.” Et 78 % affirment que leur entreprise a même “adapté l’organisation du travail aux enjeux de protection de la santé”.
Dans cette même enquête, les salariés ne se contentent toutefois pas de délivrer un satisfecit à leurs employeurs. Ils expriment aussi de nouvelles attentes, nées pendant la crise, “autour de la prévention santé”. Ainsi, 86 % des salariés interrogés déclarent “attendre de leur entreprise qu’elle intègre durablement la prévention et la santé dans sa stratégie”. En d’autres termes, ils souhaitent que, dans le prolongement de la prévention des risques professionnels, elle mène également des actions de promotion de la santé de leurs membres.
Le dossier que nous consacrons aux addictions en milieu professionnel s’inscrit dans cette démarche visant à donner aux actions de prévention plus d’ampleur et de profondeur, en agissant de façon plus transversale. En effet, les pratiques addictives naissent et se développent à la jonction des univers professionnels et privés. Et, pour les prévenir, il est vain de ne les aborder que sous l’angle médical ou disciplinaire : il faut aussi porter attention à d’autres facteurs, comme le management des hommes ou l’organisation du travail. C’est pourquoi les addictions sont un enjeu privilégié pour mettre en œuvre ces nouvelles pratiques de prévention.
Certains pourraient penser que, de la sorte, la prévention sort de son rôle. Nous pensons au contraire qu’elle retrouve sa vraie place : celle d’une discipline capable de mobiliser de nombreux leviers pour améliorer le fonctionnement et la performance globale de l’entreprise, en mettant l’humain au centre.
François Sidos
Président du Groupe Pôle Prévention
(1) Cité in www.novethic.fr, 17/03/20. (2) “La Santé au Travail à l’épreuve
du Covid”, enquête Ifop/Malakoff Humanis, octobre 2020.