La récente crise sanitaire a contraint les entrepreneurs à recourir à la ventilation mécanique ou à l’ouverture régulière des fenêtres. Mais l’exigence de qualité de l’air intérieur dans les lieux de travail s’impose en permanence. Or, des solutions simples et accessibles permettent d’assurer à tous de respirer un air pur, facteur de bonne santé.
L es consignes d’aération émanant du gouvernement depuis deux ans avaient pour but de disperser et d’évacuer les particules en suspension dues à l’expiration de CO2 par les personnes occupant des locaux fermés. De la sorte, la pandémie a permis de pointer du doigt une question qui dépasse de loin le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid 19. D’abord parce que d’autres maladies se transmettent par voies aériennes, dont la grippe annuelle. Ensuite parce que dans certains lieux de travail, comme les ateliers ou les laboratoires par exemple, des émanations dues à l’évaporation de produits toxiques peuvent fortement dégrader la qualité de l’air ambiant. Enfin parce que la seule respiration humaine (inspiration/expiration) régulière peut suffire à surcharger l’air intérieur en CO2 dans un espace non aéré, et constituer un grave danger pour les usagers des lieux.
Assurer la qualité de l’air
Le ministère de la Santé et des Solidarités rappelle que le monoxyde de carbone (CO) est la première cause de mortalité par produit toxique en France avec 6 000 intoxications, des milliers d’hospitalisations et 300 décès. Et qu’il est d’autant plus dangereux qu’il est inodore, incolore et indétectable par l’homme. Or, comme l’explique Romain Guichard (INRS), “les débits d’air neuf ne sont pas toujours connus. La mesure du taux de CO2 permet de savoir de façon pratique si les apports d’air neuf sont suffisants ou non par rapport à l’occupation des locaux.” La mesure du taux de CO2 est donc une action de bon sens, mais aussi une obligation légale, et fait partie des mesures imposées par l’article 81 de la loi N° 2003-590 du 2 juillet 2003. Elle concerne autant les locaux de travail et ceux destinés à la réception du public, dans les bâtiments neufs comme dans l’ancien. La concentration de CO2 dans l’air se mesure en ppm (parties par million). Le taux normal de l’atmosphère se situe entre 380 et 480 ppm. Dans un lieu fermé, on estime qu’un taux correct va de 600 à 800 ppm (800 était la limite considérée comme maximale en période de Covid 19). Au-delà de 1 100 ppm, il faut prendre des mesures (aérer, interrompre une réunion…).
Mesurer le taux de CO2
La mesure doit se faire dans tous les lieux fermés où se rendent des personnes : lieux de travail (bureaux, ateliers…), mais aussi lieux recevant du public (magasin, salle de réception…). Elle s’effectue au moyen d’un détecteur à capteurs infrarouges “NDIR”, seule technologie permettant de mesurer sélectivement le CO2 (à ne pas confondre avec les technologies de mesure des COV). Pour un modèle fiable et précis, compter entre 60 et 600 euros (selon que le modèle soit connecté ou non) et à partir de 500 euros pour une centrale connectée à plusieurs détecteurs. La mesure permet de surveiller le taux de CO2 en temps réel mais, associée à un outil développé par l’INRS, elle permet aussi d’estimer l’évolution de la concentration en CO2 ainsi que le taux de renouvellement de l’air, en fonction du volume d’une pièce et du nombre de personnes qui l’occupent.
Purifier l’air intérieur
La ventilation intégrée, associée ou non à une climatisation (avec des filtres régulièrement nettoyés), permet d’améliorer la qualité de l’air mais s’avère insuffisante si plusieurs personnes restent longtemps dans une pièce de petite taille. Les spots régulièrement diffusés à la télévision par le ministère de la Santé et de la Solidarité conseillent d’aérer en ouvrant les fenêtres quelques minutes toutes les 2 heures. Mais dans un local professionnel, la chose n’est pas toujours possible et certains locaux n’ont pas de fenêtre. Le purificateur d’air est alors une solution complémentaire très efficace. On trouve des purificateurs grand public pour 100 à 150 euros. Mais pour un usage en entreprise, un purificateur doit être silencieux et adapté à des volumes importants. Un modèle professionnel s’impose alors. Il représente un investissement de 1 400 à 4 000 euros environ, selon son niveau sonore et le volume à purifier.
Intégrer une démarche qualité de l’air
Pour toute question relative à la qualité de l’air, et notamment pour choisir en confiance ses détecteurs et purificateurs, le mieux est de consulter le site de l’INRS (www.inrs.fr), mais aussi celui du collectif Nous aérons (https://nousaerons.fr), créé par des experts indépendants lors de la crise sanitaire. Mais quels que soient les solutions et appareils choisis, garantir la qualité de l’air intérieur suppose une démarche s’appuyant sur de grands principes : augmenter le renouvellement de l’air dans les locaux, dans le respect des contraintes énergétiques ; vérifier que les objectifs de renouvellement sont atteints.
Étienne Josse
Comment fonctionne un purificateur à filtres de type HEPA ?
Recommandé par la totalité des agences nationales de santé, un purificateur à filtre HEPA (High Efficiency for Particulate Air), fonctionne selon le principe suivant : un ventilateur fait transiter un flux d’air à travers un filtre dans lequel les particules au-delà d’une certaine taille sont retenues. La taille et le nombre de particules ainsi piégées par le filtre permettent de caractériser les performances du filtre utilisé. Un filtre HEPA assure une filtration efficace des particules potentiellement chargées en virus.
(Source : www.nousaerons.fr)
Pourquoi il faut traquer le monoxyde de carbone
Inhalé, le CO prend la place de l’oxygène dans le sang, produit un effet asphyxiant et peut devenir mortel en moins d’une heure (immédiatement, s’il est très fortement concentré).
Une intoxication chronique (faible) est lente et les symptômes peuvent ne pas se manifester immédiatement. Elle provoque des maux de tête, des nausées, une confusion mentale et de la fatigue.
Une intoxication rapide (aiguë), entraîne des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, des troubles du comportement, voire le coma ou le décès.
En cas d’intoxication grave, le monoxyde de carbone peut aussi provoquer des séquelles durables : migraines chroniques, dépendances neurologiques invalidantes (troubles de la coordination motrice, paralysies diverses), perturbation du développement cérébral chez les enfants.
(Source : www.inrs.fr)