C.G Bernhard est une entreprise familiale, spécialisée dans le transport spécifique de grumes et de bois long. Cette TPE alsacienne compte quatre salariés dont trois sont des chauffeurs professionnels, Christian Bernhard son gérant depuis 1986 y compris.
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À raison parfois de deux à trois chargements par jour, les chauffeurs de C.G Bernhard effectuent entre 70 000 à 110 000 kilomètres, en moyenne à l’année.
L’activité type consiste à aller chercher du bois coupé sur site, de le charger, de le transporter puis de le décharger chez son destinataire (des professionnels dans 80 % des cas). “Auparavant, l’activité était plus dangereuse qu’aujourd’hui, signale Christian Bernhard. À la tronçonneuse, nous devions couper le bois à la longueur voulu par le client. Depuis une dizaine d’années, ces opérations de bûcheronnage ne nous incombent plus ce qui signifie un risque important en moins.”
Les chauffeurs sont habilités à transporter des bois de toutes tailles et de grande envergure, des transports qui peuvent nécessiter l’appellation transport exceptionnel selon la taille et le tonnage et qui doivent le cas échéant se conformer à sa réglementation spécifique, au-delà de 44 tonnes (jusqu’à 57 tonnes avec un véhicule à 6 essieux).
Manœuvres à risque, dans les sous-bois
En dehors de la conduite sur route dont les risques sont traditionnels et connus, le gérant pointe du doigt la circulation en forêt qui peut se révéler plus délicate pour des chauffeurs peu habitués. “Il y a souvent, en forêt, des endroits délicats d’accès. Lorsqu’il pleut et que les sols meubles sont gorgés d’eau ou que le terrain reste humide, il existe un risque certain que le camion, ou la remorque, glisse et parte dans le talus”.
Pour sensibiliser ses salariés sur les sites sensibles, Christian Bernhard a une méthode très efficace. Une ou deux fois dans l’année, il réunit ses chauffeurs et diffuse des vidéos de ses propres expériences d’accès à des sites de chargement difficiles. En effet, lors de ses déplacements, il filme le site, l’accès et le chargement, caméra au poing ou en fixant celle-ci derrière le pare-brise lorsqu’il manœuvre son véhicule sur les chemins étroits et mal stabilisés.
Pour la manutention, les salariés disposent d’équipements adaptés. Les grues forestières (des bras fixes sur les camions) sont suffisamment puissantes et leur manipulation relativement aisée pour limiter les risques à ce niveau. Les conducteurs sont formés en interne à l’usage de ces grues. C’est le cas aussi pour l’arrimage des grumes et autres bois longs. Le gérant précise : “il y a deux sortes d’arrimage : par sangles, l’été et au printemps, et avec un treuil hydraulique l’hiver qui permet de sécuriser le chargement via un câble métallique”. À cette période de l’année, en effet, le givre ou la neige facilitent les mouvements de la sangle, donc les mouvements dangereux de chargement pendant la conduite du véhicule, en cas de coup de frein intempestif par exemple. Ce n’est pas le cas avec le câble qui enserre plus fortement le chargement.
Le “bon air” ne suffit pas !
De manière générale, précise le gérant, il n’existe pas de formation spécifique pour le chargement et le transport de grumes. Tout se passe en interne. Chez C.G Bernhard, il faut compter sur un “chaperonnage” d’un an avant qu’un nouveau venu, sans formation au moment de son intégration, parte seul en mission.
“C’est le meilleur métier au monde, vous travaillez au bon air, en forêt !”, s’exclame Christian Bernhard. Pourtant, très peu de jeunes chauffeurs se spécialisent dans le transport de grumes. Christian Bernhard juge simplement cette désaffection : “Au printemps, il fait beau et les conditions de travail sont agréables. Mais en hiver quand il fait froid, qu’il pleut ou qu’il neige, c’est moins facile d’aller charger en forêt les pieds dans la boue.” Bien qu’adepte des solutions permettant d’améliorer les conditions de travail, le gérant estime qu’une certaine dose de courage fait partie des qualités requises pour exercer ce métier.
Stéphane Chabrier