Le sport, vecteur de santé pour les salariés et les entreprises

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Conformément aux préconisations du 4e Plan Santé au Travail (PST), les entreprises sont incitées à promouvoir et faciliter la pratique du sport par leurs employés. Reposant aujourd’hui sur le seul volontariat, cette préconisation ne devrait pas être négligée, tant les activités physiques et sportives (APS) se révèlent bénéfiques pour la santé des employés et des entreprises.

Dans un récent avis, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) alerte contre le manque d’activité physique des Français : 95% de la population serait “exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou d’un temps trop long passé assis”.


Un retard français à combler


Face à ce constat, les ministères du travail, du sport et de la santé se sont associés afin de lancer une grande campagne de lutte contre la sédentarité et de promotion des activités physiques et sportives (APS) sur les lieux de travail. Au croisement de la santé publique et de la santé au travail, cette campagne vise tout à la fois à :


 • “Préserver la santé des individus, en sensibilisant les salariés aux effets positifs d’une pratique quotidienne d’activité physique à sportive”.


 • “Promouvoir la qualité de vie au travail, le bien-être des travailleurs, salariés comme chefs d’entreprise, sujet primordial dans la gestion des ressources humaines et pour l’attractivité des entreprises ainsi que pour leur productivité”.


 • “Accompagner les mutations liées par exemple à l’accroissement du télétravail ou au vieillissement de la population active afin de prévenir la désinsertion professionnelle”.


Cette volonté, déjà exprimée dans le 4e Plan Santé au Travail (voir encadré, page 9) vise à combler un certain retard français en la matière. En effet, selon la dernière édition de l’Eurobaromètre sur le sport et les activités physiques, seuls 13 % des Français qui pratiquent une APS le font au travail contre 18 % en Allemagne, 16 % au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, 15 % en Belgique.
Cette situation est d’autant plus regrettable que les effets bénéfiques des activités physiques sur la santé des salariés et celle des entreprises sont, depuis longtemps, très bien documentés.
Les 4 bénéfices de la pratique sportive en entreprise

La pratique régulière d’une activité physique et sportive permet de réduire l’exposition à de nombreuses pathologies professionnelles telles que le stress, la dépression et le burn-out. Elle a également un effet protecteur contre les troubles musculosquelettiques et contribue à prémunir les salariés contre les conséquences de la sédentarité. La Fédération française de cardiologie affirme ainsi que “trente minutes d’activité physique par jour permettent de réduire de 30 % le risque d’accidents cardiovasculaires”. Enfin, selon une étude réalisée en 2015 par le Cabinet Goodwill management pour le Comité National Olympique et Sportif Français et le Medef avec le soutien d’AG2R La Mondiale, lorsqu’un salarié se met au sport de façon régulière, l’entreprise économiserait 5 à 7 % sur les frais de santé annuels de cette personne.

Selon un sondage réalisé pour Decathlon Pro, les entreprises qui mettent en place une politique de bien-être par le sport bénéficient d’une image plus dynamique (83 % des salariés), humaine (56 %) et moderne (56 %). De même, dans le Baromètre 2023 du sport en entreprise d’Harmonie Mutuelle, 87 % des salariés interrogés “estiment qu’une entreprise qui propose une offre de sport à ses salariés, c’est une entreprise qui veille au bien-être de ses salariés” et 79 % “perçoivent le sport comme un facteur d’attractivité”. Enfin, selon une enquête réalisée en mai 2024 par OpinionWay pour Kelio, 32 % des salariés français déclarent qu’ils “pourraient changer d’entreprise afin de bénéficier d’un environnement de travail plus sportif”, une proportion qui atteint même 43 % chez les salariés de moins de 35 ans !

La pratique sportive dans le cadre professionnel permet un affranchissement des barrières hiérarchiques et favorise les échanges interservices. À l’occasion d’un sondage réalisé par l’Ifop pour Cisco, 80 % des salariés interrogés ont affirmé “avoir de meilleures relations avec leurs collègues grâce au sport”. Et 42 % estimaient que le sport favorise la cohésion des équipes.

Le surcroît de bien-être professionnel dont bénéficient les salariés pratiquant une activité physique et sportive régulière contribuerait aussi fortement à renforcer leur productivité et leur dynamisme. Le Baromètre d’Harmonie Mutuelle souligne ainsi que si 25 % des salariés français se disaient fatigués en 2023, c’était le cas de 55 % de ceux qui ne pratiquent pas de sport. Plus catégorique encore, l’étude Goodwill management de 2015 affirme que “la productivité d’un salarié sédentaire qui se met à la pratique du sport en entreprise augmente de 6 à 9 %”, si bien qu’ “une entreprise encourageant ses salariés à la pratique d’une activité physique et sportive peut enregistrer entre 2,5 et 9,1 % de gains de productivité” !

Des mentalités à faire évoluer


Dès lors, comment expliquer que l’ensemble des entreprises ne se soient pas emparées plus tôt de ce levier de performance ? La réponse tient dans une série de freins rencontrés par de nombreux employeurs : manque de moyens financiers ou humains pour lancer des projets ou réaliser des infrastructures, crainte des responsabilités juridiques entraînées par les activités sportives, etc.
Mais le principal obstacle à lever pour développer les activités physiques et sportives dans l’entreprise est certainement celui des mentalités. De nombreux dirigeants et une proportion encore plus importante d’employés sont en effet très réticents à considérer que c’est le rôle d’une entreprise d’encourager la pratique sportive de ses salariés Dans l’enquête d’OpinionWay pour Kelio, 53 % des dirigeants et 56 % des employés estiment que “la pratique sportive n’a pas sa place dans l’entreprise, c’est à chacun de se prendre en main”.

Christophe Blanc

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