L’ère digitale favorise le déploiement de nouveaux modes d’apprentissage dans le monde de l’entreprise. Le contexte de crise sanitaire a considérablement accéléré cette tendance. Les formations digitales sont de plus en plus adaptées à toutes les activités et toutes les entreprises peuvent y trouver leur compte. Un atout notamment face au risque d’obsolescence.
Dans un monde en changement, d’automatisation et de digitalisation, l’homme reste au cœur du fonctionnement des entreprises. Il est d’ailleurs primordial qu’il ne soit pas en retrait des changements qui s’opèrent. En effet, une vitesse de transformation de l’entreprise qui s’accélère induit l’amélioration constante des processus d’apprentissage, de formation et d’instruction.
La formation digitalisée offre, dans ce domaine, de nouvelles perspectives pour les entreprises. Publié en octobre 2020, le baromètre Cegos “Transformations, Compétences et Learning” (1) confirme la tendance : face à l’accélération des changements, le risque d’obsolescence prend de l’ampleur dans les entreprises. Pour y faire face, “le développement des compétences devient un enjeu stratégique”, expliquait le directeur Learning & Solutions chez Cegos, Christophe Perilhou, lors de la présentation de l’enquête.
Répondre aux transformations du monde du travail
Selon les éléments révélés par cette étude, les responsables RH interrogés estiment à 47 % la part des emplois qui ont un risque d’obsolescence dans les trois ans à venir (39 % seulement en 2019). Il est donc indispensable de recourir à des programmes de formation, avec des objectifs aussi divers que : s’adapter aux évolutions de son poste de travail et mieux faire son travail actuel ou pouvoir accéder à un nouveau métier. Les formations digitalisées peuvent répondre rapidement et favorablement à ces besoins.
Les métiers évoluent : certains apparaissent et d’autres disparaissent, et les individus doivent perpétuellement se former au cours de leur carrière professionnelle. L’enjeu est de taille pour les entreprises qui ont pris la mesure du problème. Directrice du développement des compétences chez Renault Trucks France, Nathalie Fontaine annonce : “L’enjeu est bien de faire du développement des compétences un élément différenciant afin d’attirer, faire croître et retenir les talents.” Au-delà des structures de formation internes dont le constructeur de véhicules lourds s’est doté et qui lui permettent de proposer un catalogue de formations riche de 160 références, Renault Trucks a développé des outils numériques pour proposer des solutions de formation en ligne (e-learning) adaptées aussi bien aux activités commerciales que techniques de l’entreprise. Des modules de formation de 30 minutes, répondant aux habitudes de consultation des supports, sont disponibles ainsi que des tutoriels et autres vidéos, sur un format plus court et sur des thèmes précis tels que la garantie, la réception d’un véhicule ou l’utilisation d’un nouvel outil informatique.
Crise sanitaire : un effet avéré
Depuis le premier confinement dû à la crise sanitaire de la Covid-19, en mars 2020, Renault Trucks a aussi développé des classes virtuelles qui s’organisent en modules de 2 à 3 heures étalés sur plusieurs jours. Bilan ? Une organisation des participants facilitée et une intégration des connaissances améliorée.
La crise a joué le rôle d’un accélérateur de tendance pour la formation à distance, selon le baromètre Cegos. Les entreprises ont adapté leur offre de formation au contexte. 88 % des responsables RH en sont convaincus. Les classes virtuelles (ou webinaires) et les modules e-learning ont été les formules les plus plébiscitées. Cette adaptation a permis de maintenir l’accès à la formation des collaborateurs, tout en focalisant une partie de l’offre sur les problématiques liées au contexte. Pour l’avenir, 81 % des responsables RH en Europe (86 % en France) pensent que les formations organisées pour leurs salariés seront davantage intégrées dans des formules à distance.
Voilà qui ouvre des perspectives pour les acteurs de la formation : une adaptation de l’offre autour des activités à distance (management, gestion de projet, travail collaboratif, vente) et de leurs impacts (gestion du stress…). Les entreprises ont adapté leur offre pour répondre aux problèmes vécus par les salariés dans cette nouvelle forme d’organisation du travail. Elles privilégient également, en priorité, l’accompagnement des collaborateurs pour les faire monter en compétence sur leur poste, plutôt que de recourir au recrutement de nouveaux profils.
Des solutions digitales adaptées et personnalisables
Autre atout : la digitalisation d’une formation autorise un large éventail de manières de s’adresser et de dispenser un apprentissage à son interlocuteur. Elle peut être individualisée donc aisément personnalisable.
Fondateur de FTR Formation qui accompagne depuis cinq ans les entreprises pour digitaliser leurs formations, Olivier Bernaert annonce : “Les outils digitaux permettent de plus en plus, à des coûts également plus abordables, de créer des formations adaptées à l’activité et au mode de fonctionnement des entreprises. Pour qu’un projet digital fonctionne il faut bien analyser le public pour trouver les bons outils qui lui correspondent.” Parmi ces expériences, il évoque notamment une application destinée aux hôpitaux, sur la base d’une reproduction d’une chambre en réalité virtuelle. “L’apprentissage en termes d’hygiène et de propreté passait par une solution ludique qui consistait à repérer visuellement les erreurs. Cette solution est adaptable et personnalisable à chaque site d’entreprise”, explique-t-il.
Une formation digitalisée est adaptée à toutes les activités, y compris les plus manuelles. “Pour celles-ci, ajoute Olivier Bernaert, les gestes métiers par exemple, l’apprentissage manuel peut être complété par des apports pédagogiques à distance, digitaux”. Il cite également une autre solution qui consiste, sur des sites de production, à appliquer un QR Code sur les machines outils permettant aux ouvriers d’accéder avant la prise de poste à une formation sur la machine désignée.
Des outils pour les TPE et PME
La formation digitalisée s’adapte à toutes les structures, y compris aux PME et TPE. Usage facilité, coût réduit, la Preven-box, une solution de formation 100 % digitale à la prévention des risques professionnels, rempli ainsi les conditions indispensables pour répondre à leurs besoins. Émilie Noël, qui a piloté la conception de cet outil pour le groupe Pôle Prévention, précise qu’après avoir choisi la ou les thématiques et le nombre de salariés bénéficiant par forfait de la formation, ces derniers “reçoivent un code d’accès aux modules choisis”. Pendant un an, ils peuvent y accéder à tout moment et sur le support de leur choix : ordinateur, tablette ou smartphone. Émilie Noël précise : “Chaque module représente un parcours d’apprentissage très participatif et ludique, jalonné de tests. Une fois toutes les étapes franchies, le salarié valide ses connaissances par un test final qui donne lieu à une attestation de formation accessible à l’employeur”.
Actuellement, la Preven-box se décline en trois modules : manutentions manuelles, équipements de protection individuelle et risques routiers. Un quatrième, consacré aux addictions en milieu de travail, sera disponible en septembre 2021.
Que ce soit sur les risques, ou plus globalement sur l’apprentissage de toutes les connaissances liées à un poste de travail, la demande (et l’offre) de formations digitales s’est considérablement accélérée. La crise sanitaire qui secoue encore le monde de l’entreprise aura au moins eu, outre un impact positif sur la prévention des risques liés aux règles d’hygiène, une influence sur la prise en compte du risque d’obsolescence des entreprises, une conséquence pour le moins inattendue.
Stéphane Chabrier
(1) Enquête effectuée en ligne auprès de plus de 2000 salariés, directeurs ou responsable RH d’entreprises du secteur privé, dans quatre pays européens : France, Allemagne, Espagne et Italie.