Première cause de mortalité au travail, le risque routier reste toutefois sous-estimé par les chefs d’entreprise. Quelle que soit la taille de l’entreprise, le dirigeant doit pourtant remplir son obligation de sécurité vis-à-vis de ses salariés. Sans avoir ni le temps, ni les moyens humains ou financiers, ni l’organisation nécessaire pour mettre en place des actions de sensibilisation voire de formation de ses salariés, comment le chef d’entreprise d’une PME ou d’une TPE peut-il obtenir les mêmes résultats positifs qu’une grande entreprise ?
Pour y parvenir, il peut se faire aider dans sa démarche.
Le risque routier est un enjeu que les entreprises ne peuvent pas se permettre de sous-estimer. Pour prévenir ce risque, un mouvement entrepreunarial s’est donc constitué, depuis près de six ans (depuis le 11 octobre 2016), sur la base d’une charte comportant 7 engagements, tels que : port de la ceinture, pas de téléphone au volant, respect des limitations de vitesse, etc. Et pour cause, comme le souligne la délégation à la Sécurité routière, “le risque routier professionnel demeure cette année encore la première cause de mortalité au travail. Face à ce constat, plus de 2000 entreprises ont signé pour agir avec la charte des 7 engagements pour une route plus sûre : plus d’un tiers sont des TPE, mobilisées pour changer la donne”. Ces entreprises représentent à ce jour près de 3,9 millions de salariés.
Sensibiliser et accompagner
Chaque année, depuis cinq ans, la Sécurité routière récompense des TPE dans le cadre du prix : “Les pros ont du talent”, pour leurs actions contre ce risque souvent inhérent à la vie d’une entreprise (voir encadrés). Pour aider, plus concrètement, les entreprises et les organismes publics et privés à mettre en place des actions de sensibilisation à destination de leurs collaborateurs, la délégation à la Sécurité routière met à disposition des dirigeants, dans le cadre des Journées de la sécurité routière au travail dont la 6e édition s’est déroulée du 9 au 13 mai 2022, des kits de communication pour les aider à mobiliser leurs collaborateurs et des supports d’animation pour organiser leurs événements. C’est une campagne de communication “clés en main“ qui est proposée aux entreprises, avec une quinzaine d’affiches qui défendent un raisonnement simple consistant à dire que personne n’a intérêt à ce qu’un salarié ait un accident, ni lui ni son entreprise. Pour s’approprier les différents messages, chaque entreprise ou autre structure peut apposer son logo sur les différents supports proposés.
Les organisations professionnelles lancent également des campagnes de sensibilisation. C’est le cas de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP). Outre une campagne de sensibilisation lancée le 9 mai : “Zéro risque routier dans le BTP”, l’OPPBTP a enclenché un dispositif visant à diagnostiquer la prise en compte du risque routier dans un millier d’entreprises du secteur et assurer un accompagnement durable dans le temps de 200 d’entre elles.
Clubs sécurité routière : des espaces d’échanges
L’accompagnement, c’est justement une des spécificités des intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) dont les compétences en matière de santé et sécurité au travail permettent de guider les chefs d’entreprise dans le déploiement de leur politique de prévention des risques, routiers en particulier, depuis la rédaction du document unique.
La Sécurité routière voudrait voir également les clubs entreprises sécurité routière, qui offrent localement aux entreprises appartenant aux mêmes bassins d’emploi un espace d’échange d’expériences et de bonnes pratiques, se développer. Dépendants des acteurs locaux : préfecture, Carsat, CCI et autres chefs d’entreprise, ces clubs proposent des services divers, comme des informations régulières sur le risque routier, des réunions thématiques pédagogiques en compagnie d’experts, le prêt d’outils de sensibilisation, etc. Mais à ce jour, il en existe seulement une douzaine à travers la France et les petites entreprises n’y sont pas les plus impliquées. Exemple avec le club MSR (Maison de la sécurité routière) du Var. Créé il y a un an à peine, celui-ci compte environ 80 adhérents (collectivités, entreprises privées ou publiques, etc.). Co-animateur du club, Patrick Oberto reconnaît que si “la moitié des adhérents sont des entreprises, les PME ne représentent que 10 % de celles-ci”. Afin de capter l’attention des entreprises les plus petites, il précise : “Nous espérons toucher les PME et TPE par le biais des clubs entreprises territoriaux, des associations qui ont pour vocation d’animer économiquement les territoires”.
Le constat est identique dans le département de la Haute-Garonne. Président du Club entreprises sécurité routière Toulouse Garonne, François Martinez annonce une quinzaine de PME et TPE sur une quarantaine d’entreprises adhérentes. Quant à leur profil : “Ce sont principalement des entreprises du BTP, en sous-traitance de grands groupes qui ont des exigences sur la qualité de service, telle la sécurité, et qui cherchent à se labelliser dans le cadre de l’obtention de marchés.”
De son côté, l’association Prévention Routière peut aussi intervenir dans les entreprises, dans le cadre d’opérations de sensibilisation. Directrice régionale dans les Hauts-de-France, Mathilde Farcette annonce environ une opération par semaine sur le site d’une entreprise, à sa demande, et précise : “Les entreprises nous sollicitent pour les aider à faire changer les comportements sur la route et faire passer des messages à leurs collaborateurs. Or, la légitimité de l’association, et de ses bénévoles, dans la lutte contre l’insécurité routière, favorise la captation de l’attention des collaborateurs d’une entreprise. Ce sont les chefs d’entreprise eux-mêmes qui nous le disent.”
Depuis la fin de la crise sanitaire, Mathilde Farcette souligne une recrudescence des demandes d’interventions de la part des entreprises, dans le cadre d’une journée ou demi-journée de sensibilisation. La moitié d’entre elles sont des PME.
Stéphane Chabrier