Pour prévenir les risques auxquels sont confrontés ses salariés, l’entreprise ariégeoise Savco, spécialisée dans une activité de production industrielle et de services en chaudronnerie, a entrepris une démarche structurelle rigoureuse qui va au-delà de celles que l’on peut observer habituellement dans les PME de même taille.
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Créée en 1982, à Saverdun (Ariège), l’entreprise Savco (CA de 6M€, environ, en 2024) est spécialisée dans une activité de chaudronnerie lourde. Des wagons d’inspection d’ouvrage, pour le compte de la SNCF, la PME investit rapidement le secteur de l’hydroélectricité. En 2009, après un changement de direction, Savco s’engage dans un programme, de plusieurs années, de modernisation des méthodes et des moyens de son outil industriel.
Un engagement sociétal à tous les niveaux
Après avoir adhéré au Pacte mondial réseau France (1), en 2012, la démarche RSE de l’entreprise se précise. Parmi les 4 objectifs de celle-ci, Savco s’engage à préserver l’intégrité physique et le bien-être assumé au travail de chacun, en valorisant les attitudes proactives. Il s’agit en particulier de : développer l’implication et l’animation interne pour une vraie appropriation de la culture santé/sécurité et une prise de conscience des équipes internes et externes ; maîtriser les expositions des équipes aux produits dangereux ; améliorer la prévention des principaux risques liés aux activités de l’entreprise.
La société Savco a traduit ces engagements dans le cadre de sa responsabilité sociétale envers ses collaborateurs. Son système de management intégré est certifié par de nombreuses normes : ISO 9001:2015, ISO 14001:2015 et 45001 (ex-OHSAS 1800). Cette dernière, qui concerne la sécurité des intervenants, vise à préserver la santé de ceux-ci et à garantir la sécurité de tous les collaborateurs intervenants. La filiale de Savco, CCM, est certifiée MASE (Manuel d’amélioration sécurité des entreprises) concernant essentiellement les sous-traitants qui réalisent leurs prestations sur des sites à forts niveaux de risques. Par conséquent, la santé et la sécurité restent des piliers essentiels de la politique sociale de l’entreprise.
Dans les faits, l’entreprise Savco démontre aussi son engagement dans le cadre de son CSE qui intègre trois titulaires et autant de suppléants. Le CSE SSE se réunit tous les trois mois. Ce rythme et ce nombre de délégués qui vont au-delà des obligations légales.
Ces engagements ont joué un rôle important dans le choix de la CARSAT Midi-Pyrénées qui a décerné à Savco, le 17 mars 2025, le prix « Conditions de travail », dans le cadre de la première édition des « Prix des entreprises », récompensant ainsi : le développement de la conscience sécurité de la nouvelle direction, le déploiement du CSE et la création d’un service HSE.
Les risques majeurs ciblés en priorité
Le système de la gestion de la santé et de la sécurité au travail, assure avec ses audits externes réguliers la conformité de ses exigences et l’amélioration continue de ce système. Il implique la mise en place de procédures, modes opératoires, plans de prévention et des outils de remontées de terrain. Responsable QSSE (Qualité santé sécurité environnement) chez Savco, Margarida Correia, déclare : « Le
CSE qui se réunit tous les trois mois est un
rendez-vous important pour l’entreprise. À
cette occasion, on passe en revue toutes les
remontées du terrain, les observations voire
les éventuels incidents ou accidents survenus
sur le terrain ainsi que des situations
dangereuses qui auraient été détectées sur
un chantier et à l’atelier. Nous cherchons,
dès lors, à améliorer les process et à trouver
les solutions qui nous permettent de réduire
les risques lorsque la situation le nécessite ».
Savco compte une trentaine de salariés.
Outre quelques chargés d’affaires et postes
administratifs, les vingt autres, dits les
« compagnons », sont soudeurs, chaudronniers,
etc. Une dizaine d’entre eux travaillent
en atelier pour la fabrication. Les
autres interviennent principalement sur les
chantiers. L’entreprise a fait une estimation
rigoureuse de ses risques et cible désormais
six risques majeurs, ou vitaux, sur lesquels
elle concentre ses messages de prévention :
• La manutention mécanique, du fait de
d’une utilisation régulière d’engins sur les
chantiers, en particulier.
• Les travaux en hauteur, impliquent des
risques récurrents en raison de l’activité
qui peut prendre de la hauteur (nacelles,
échafaudages…). De plus, les interventions
sur les conduites forcées d’eau, ces
longs et imposants tuyaux métalliques indispensables notamment sur les barrages
hydrauliques nécessitent des interventions
délicates de spécialistes cordistes.
• Le risque énergie reste présent, notamment
sur les sites hydroélectriques, y compris
quand le travail s’effectue hors tension.
• Les travaux en espace confiné, comme
les conduites forcées, nécessitent l’application
stricte des mesures de protection
principalement quand les travaux dans ces
enceintes concernent de la soudure.
• Le risque routier. Intervenant sur des
chantiers sur l’ensemble du territoire, l’entreprise
effectue de nombreux et longs
déplacements en mission. Le parc de véhicules
est constitué de 7 voitures et de
7 véhicules utilitaires de type fourgons.
En cumulé, par exemple, les véhicules de
l’entreprise ont parcouru environ 400 000
kilomètres en 2024.
• Le risque de noyade du fait de nombreux
chantiers, liés au principal client de l’entreprise,
sur des barrages hydrauliques,
nécessitant des interventions de plongeurs
spécialisés (sous-traitants) ainsi que des
embarcations sur l’eau.
Information et sensibilisation
Sur les chantiers, les « compagnons »
peuvent travailler en sous-section SS4
amiante, ce qui signifie que les salariés sans
intervenir dans le cadre d’un désamiantage,
interviennent sur des chantiers où les
travaux d’entretien et de maintenance sont
susceptibles de libérer des fibres d’amiante.
Ils ont donc suivi une formation adéquate
visant à : reconnaitre des matériaux suspects
pouvant contenir de l’amiante, adopter
des mesures préventives pour éviter la
dispersion des fibres et maîtriser des techniques
sécurisées d’intervention.
Autre exemple, en 2023, la société Savco
a mis en place des sessions de sensibilisation,
dirigées par une ostéopathe, aux
gestes contraints et aux échauffements
pour prévenir les risques de troubles musculosquelettiques.
« Elle propose également
à ses collaborateurs à l’atelier et sur les chantiers,
des gilets chauffants, leur assurant un
confort thermique pendant l’hiver », ajoute
Margarida Correia.
Enfin, l’entreprise a aussi profité du remplacement
des défibrillateurs pour faire
appel à une association (SDVIES) qui a
pu proposer une formation à l’utilisation
du dispositif pour tous les collaborateurs
qui n’étaient pas sauveteur secouriste du
travail (SST).
Chez Savco, la prévention des risques se
conçoit au quotidien. Parmi les moyens
d’information, il y a tous les jours un quart
d’heure prise de poste. Le point est fait
par le chef de chantier ou le chef d’atelier
sur la mission et les attentes du jour. Ces
informations s’accompagnent toujours de
propos liés aux dangers rencontrés et aux
mesures préventives.
Stéphane Chabrier
(1) Le cadre d’engagement, universel et volontaire,
s’articule autour de dix principes relatifs
aux droits humains, aux normes internationales
du travail, à l’environnement et à la lutte contre
la corruption.