Implantée à Wasselonne (Haut-Rhin), cette filiale d’un groupe suisse spécialisé dans la fabrication de machines pour les boulangeries, a fait appel à Pôle Prévention dans le but de faire progresser sa sécurité avec un regard neuf. Son taux d’accidents de travail est désormais au plus bas.
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« J’ai tout se suite senti un grand potentiel de sécurité sur le site qui allait grandir », se remémore Dominique Dorn, directeur de l’usine Rondo France, à Wasselonne. Lors de sa prise de fonction, il y a six ans, il constate que les conditions de sécurité au travail n’ont certes rien de catastrophique mais qu’il est possible de faire mieux.
Volonté d’excellence
« Tout est est rose tant que tout va bien mais quand vous vous posez des questions, il est trop tard », analyse aussitôt le dirigeant, fort de son expérience dans une grande entreprise dotée de responsables sécurité. Il n’est évidemment pas question d’envisager de déployer de tels moyens humains à Wasselonne, où l’équipe compte seulement 14 salariés, mais de diffuser parmi eux une culture de la prévention. « L’équipe travaillait comme chez un petit sous-traitant du coin. Il fallait produire en priorité sur la sécurité », résume Dominique Dorn, qui s’attelle d’abord au rangement des ateliers afin d’éviter les chutes de plain pied. En 2020, un salarié se coince le doigt lors d’une mauvaise manipulation, heureusement sans gravité. L’analyse de cet accident du travail montre que rien ne se serait produit si le salarié concerné avait respecté les consignes communiquées par l’entreprise. Or, celles-ci avaient été données oralement, sans aucun support écrit ni procédure d’émargement.
Il y a deux ans, le groupe Pôle Prévention propose à Rondo un accompagnement pour améliorer sa sécurité, qui convainc Dominique Dorn. « Je n’avais pas pris conscience qu’il fallait de l’aide et que cela permettrait d’avoir un bon suivi », reconnaît le dirigeant qui se félicite aujourd’hui de ce partenariat.
Rien n’est laissé au hasard
Depuis deux ans, il peut s’appuyer sur l’expertise d’un intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP). « En tant que responsable du site, j’avais tellement de sujets que je ne pouvais pas tout gérer seul », explique Dominique Dorn, animé par le souci de protéger les salariés, sans pouvoir être partout à tout instant. « Si un salarié finalise une pièce sans porter ses lunettes de sécurité, il risque de recevoir un copeau dans l’oeil. Les conséquences peuvent être dramatiques pour lui, s’il perd un oeil, et la responsabilité de l’entreprise peut être engagée », redoute-t-il. Certes, les tours et les fraiseuses sont sécurisés puisqu’ils ne fonctionnent que lorsque leur ouvrant est fermé. Cependant,
« certains avaient l’habitude de
shunter les sécurités pour régler leur
machine », pointe Dominique
Dorn qui insiste auprès de
ses équipes sur l’intérêt
de faire cause commune
pour la sécurité. En cas
d’accidents graves répétés,
suivis d’enquêtes par
l’inspection du travail, la
pérennité de la production
sur le site pourrait être remise
en cause.
L’appui de l’IPRP de Pôle Prévention
permet de structurer la démarche,
en commençant par le document unique
de prévention des risques professionnels
(DUERP).« Quand je vois notre document
unique : il tenait sur une page avant
sa venue, il compte aujourd’hui 30 à 40
pages avec tous les risques, les niveaux de
bruit… », évoque le responsable. La rédaction
du DUERP n’a pas été un aboutissement
mais le début d’un processus d’amélioration
continue. Après une première
version en 2023, une deuxième a été finalisée
le 5 mars dernier. Parmi les principaux
risques et leur prévention : l’utilisation de la soufflette imposant le port de lunettes
de sécurité lors du soufflage des pièces,
la manipulation des tôles, lors du
soudage, nécessitant de porter
de gants ou le rangement
indispensable des bacs
d’huile et des récipients de
rétention.
Améliorations continues
Pour limiter les chutes de
plain-pied, Rondo a imposé
le rangement des objets au
sol mais aussi sur les étagères où
certains dépassaient. Le port des gants
anti-coupure et des lunettes de sécurité
a été rappelé. Le travail réalisé avec Pôle
Prévention se traduit par d’autres améliorations
concrètes. « Il y a deux mois,
nous avons finalisé des fiches de poste
pour chaque machine de chaque secteur. »
À l’occasion de la rentrée, chaque salarié
signera sa fiche de poste, ce qui attestera
qu’il connaît les règles de sécurité.
Chaque visite de l’IPRP est l’occasion de
faire un tour des ateliers et d’identifier des
améliorations. Ainsi, cette année, Rondo
a investi dans un système de filtration de l’air afin d’évacuer les poussières fines
provenant du polissage ou du ponçage.
Quant au soudage TIG (Tungsten Inert
Gas), il ne produit pas de fumée mais de
la chaleur contre laquelle les opérateurs
portent des masques ventilés.
La prévention des risques d’accident
s’applique également à la sous-traitance.
Chaque semaine, un transporteur vient
prendre livraison des pièces par camion.
Il stationne sur l’unique quai, aménagé à l’opposé du parking où stationnent les voitures. Une fois qu’il est en place, le conducteur ne s’aventure ni sur le quai ni dans les ateliers de fabrication pour récupérer sa cargaison. Les salariés de Rondo effectuent eux-mêmes le chargement.
Un management participatif
Pour obtenir un meilleur respect des règles, Dominique Dorn a misé sur un management participatif plutôt que directif. « Dans une équipe, vous avez des bons et des mauvais élèves. Il faut donner de l’importance aux premiers », explique-t-il après avoir nommé un responsable sécurité par secteur. « Je monte en compétence une personne qui pourra me remplacer quand je serai absent », ajoute-t-il. Par ailleurs, dans chaque équipe, deux salariés sont devenus sauveteurs secouristes du travail (SST). « Certains n’avaient pas eu de recyclage depuis dix ans. Désormais, ils suivent une journée de recyclage tous les deux ans », affirme le dirigeant.
Rondo France a également souscrit à l’offre « Préven-box » de formation digitale. Elle permet de sensibiliser les salariés grâce à six modules consacrés au port des lunettes de sécurité, au risque de coupure, aux accidents de trajets, etc. « Je donne à chaque personne une date limite pour suivre ces modules qui sont validés par un certificat », indique Dominique Dorn. Le dirigeant du site tiendra compte du bon suivi de cette formation lors de l’entretien annuel d’évaluation des salariés. Pour faciliter leur auto-formation, Rondo leur laisse la possibilité de se former à domicile ou sur un ordinateur mis à leur disposition sur le site. Un autre chantier est programmé cette année : la traçabilité et l’analyse des presque-accidents. Il consistera en un tour des ateliers avec un formulaire destiné à collecter des informations sur ces incidents sans gravité immédiate (se cogner la tête, se couper légèrement…) mais potentiellement révélateurs de failles de sécurité à combler afin d’éviter des conséquences plus graves. « Nous les évoquerons lors de nos réunions hebdomadaires », promet Dominique Dorn. Une manière d’élever encore le niveau de sécurité de l’entreprise mais aussi d’impliquer davantage ses salariés dans la prévention collective et individuelle.
Jean-Philippe Arrouet
Pour en savoir plus sur Rondo France : https://www.rondo-online.com/