Parmi les 55 agences paysagistes du groupe Idverde, l’une d’entre elles, en Provence, affiche une particularité qui attire les regards et provoque des questionnements : zéro accident en huit ans ! Si ce bilan positif peut s’expliquer par un contexte d’intervention particulier, il est aussi le résultat des efforts de l’entreprise dans sa démarche de prévention des risques.
Spécialiste des travaux sur les espaces paysagers Idverde est leader européen de son activité qui reste très diversifiée, que ce soit sur l’aspect de la création ou celui de l’entretien. Des travaux de plantation, tonte et coupe à ceux de maçonnerie, canalisation, pose de clôture, etc, et sur des espaces aussi atypiques que les terrains de sport et des surfaces parfois de plusieurs hectares, nécessitant des engins spéciaux de gros gabarit, ou sur des espaces parfois extrêmement restreints de type résidentiels où on ne travaille qu’avec des outils portatifs. Dès lors, l’entreprise affiche une panoplie de matériels et de modes d’intervention importante.
En Provence, des clients particuliers
Le groupe Idverde compte 3 500 collaborateurs en France. Son fonctionnement reste très territorialisé et les agences (55 sur toute la France) fonctionnent en toute autonomie quant à leur gestion.
Directeur pour la région Rhône-Alpes, Arnaud Fauvel est responsable de 6 agences sur son périmètre et de 300 collaborateurs. Parmi elles, l’agence Idverde Provence a une particularité, dans son activité du quotidien. Située à Lamothe-du-Rhône (Vaucluse), elle travaille pour une typologie de clients bien particulière qui dénote avec la clientèle habituelle de l’entreprise, très axée sur les marchés publics ceux des collectivités et dont les agences pourront intervenir avec des outils portatifs sur des petites surfaces en zone urbaine. Ses clients ? Les opérateurs des centrales nucléaires de la région, la Compagnie nationale du Rhône concessionnaire du fleuve pour la production d’hydroélectricité, le transport fluvial et les usages agricoles et ASF, gestionnaire d’autoroutes concédées.
En termes de matériels, cela signifie que cette agence est très mécanisée, avec des tracteurs mais aussi des bateaux sur son parc de matériel, pour l’entretien des cours d’eau.
Des dangers identifiés
Les travaux se déroulent principalement sur des grandes surfaces, des grands linéaires, pourtant, l’agence compte seulement 25 salariés. Arnaud Fauvel souligne : “C’est une vraie force du directeur de cette agence locale, Paul Rambaud, d’avoir su maintenir un effectif sensiblement identique depuis une quinzaine d’années, sans avoir connu un turnover important et sans avoir recours aux travailleurs intérimaires. De fait, l’équipe est soudée et a parfaitement assimilé les obligations liées aux process et à la sécurité.”
Dans le détail, en termes de fréquence d’exposition, les principaux dangers auxquels sont exposés les collaborateurs sont l’exposition aux rayonnements dans les centrales qui peut avoir un impact sur la santé, l’utilisation des bateaux pour intervenir sur les bords de berges du Rhône et de ses affluents avec le risque de chute dans l’eau et de noyade. Quant à l’activité sur les autoroutes, sur la bande d’arrêt d’urgence ou le terre-plein central, les intervenants sont exposés aux risques inhérents à la circulation.
Concernant le matériel, l’usage des engins reste potentiellement dangereux quels que soient les sites d’intervention. Il en va de même pour le petit matériel portatif comme les débroussailleuses ou les tronçonneuses.
Haut niveau de sécurité indispensable
“Nos clients, qui interviennent dans des secteurs sensibles, imposent la démarche sécuritaire comme un droit d’entrée pour travailler sur leurs sites”, précise le directeur régional. Par exemple, chez un de ses clients dans le nucléaire, l’obtention du marché a été rendue possible parce que l’agence de Lamothe était titulaire des certifications MASE (Manuel d’amélioration sécurité entreprise), un référentiel de management de la santé et la sécurité au travail et CEFRI (Comité français de certification des entreprises pour la formation et le suivi du personnel sous rayonnement ionisant). “Face aux dangers spécifiques des rayonnements, on s’appuie beaucoup sur l’expérience du client. Il connaît bien le danger et nous suivons ses process. Avant chaque intervention sur site nous réadaptons le plan de prévention. Et, comme les salariés de ces sites nucléaires, nos collaborateurs qui interviennent sur place ont droit à un suivi médical renforcé de la part de la médecine du travail.”
Ces obligations ont contribué à tirer l’agence, certifiée aussi ISO 45 000 relative à la santé et la sécurité au travail, dans une démarche continue d’amélioration de la gestion de la sécurité. Cet engagement sur la question omniprésente de la prévention des risques peut expliquer en partie l’accidentalité nulle depuis huit ans, affichée par l’agence Provence. Cela signifie qu’aucun accident sur chantier, ou sur les trajets domicile-travail, n’a nécessité un arrêt de travail.
Des collaborateurs impliqués
Toutes les certifications et les agréments dont l’agence est titulaire, en termes de santé et de sécurité, se déclinent en plan d’actions locales impliquant des causeries, des plans de formation ou des visites de chantiers pour s’assurer que les mesures de sécurité et le port des équipements de protection individuels sont respectés. Elles sont nombreuses et sont effectuées par les conducteurs de travaux, les directeurs d’agence et le directeur régional lui-même. “L’objectif n’est pas de chercher à prendre en défaut les collaborateurs mais il permet sur le lieu de travail de se réunir tous ensemble pendant une heure pour débriefer sur la manière de travailler dans le respect des mesures et des gestes de sécurité, de manière très concrète. Arnaud Fauvel précise aussi : nous nous sommes inspirés des anglais qui ont des taux d’accidentologie relativement bas et qui travaillaient beaucoup sur la question des ‘presqu’accidents’. Et pour une agence qui n’a pas d’accident depuis huit ans, si on ne va pas travailler sur les accidents, puisqu’il n’y en a pas et c’est tant mieux, on va quand même travailler sur la question des presqu’accidents. Aujourd’hui, ce sont des situations que nous voulons faire remonter du terrain. Dès lors, en étant sur le chantier, il est plus simple pour nous d’évoquer le contexte du chantier, les EPI et le matériel. ”
De la même manière, il réunit une fois par mois tous les directeurs d’agence afin d’échanger sur les bonnes pratiques mises en place dans une agence et à développer dans les autres, mais également à l’inverse sur un accident qui est survenu et comment d’autres agences ont pu remédier au risque à l’origine de cet accident.
La sécurité : un état d’esprit
Si le groupe met au centre de ses préoccupations la sécurité de ses employés (avec la stratégie ISO 45 000, le partage de bonnes pratiques, le service QSE au niveau France, les flashs internes “C’est arrivé chez nous”, etc.), les agences Idverde ont ainsi une certaine autonomie dans la réalisation de leur activité comme dans celle de la rédaction et la gestion de leur document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). C’est une volonté assumée de proposer sans imposer une méthode de travail plus qu’une autre aux directeurs d’agence. Dans la région Rhône-Alpes, Arnaud Fauvel compte sur leur état d’esprit pour analyser et déterminer si une méthode qui leur est proposée est applicable dans leur agence. De cette manière, lorsqu’un problème se pose, ils sont toujours capables de faire preuve d’initiative dans un cadre de process malgré tout bien établi. Le but recherché par tous est de tirer la question de la sécurité vers la prévention des risques, à l’image de l’agence de Lamothe-sur-Rhône et de ses résultats remarquables valorisés en interne. Ces résultats font aujourd’hui la fierté de ses collaborateurs qui savent toutefois qu’en termes de sécurité si l’accident zéro existe, le risque zéro, lui, n’existe toujours pas.
Stéphane Chabrier
