Les chiffres sont sans appel et vont à l’encontre des idées reçues. Selon une enquête réalisée par la Fondation Jean Jaurès, les entrepreneurs représentent la population la plus affectée, au plan psychologique, par la crise sanitaire et les confinements. Quand 20 % de Français affirment, en 2020, avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider, deux catégories d’actifs ont des taux d’intention largement supérieurs : les dirigeants d’entreprises à 27 %, les artisans-commerçants à 25 %.
Et de l’idée à l’acte, il n’y a qu’un pas, hélas souvent franchi : “Quand on observe ceux qui ont déjà fait une tentative de suicide parmi ceux qui l’avaient envisagée (soit 20 % de l’échantillon), on remarque que les artisans-commerçants sont 42 % à avoir connu l’expérience d’une tentative de suicide avec hospitalisation” détaille Michel Debout, professeur de médecine légale et membre de l’Observatoire national du suicide
Ces données alarmantes conduisent l’expert à une triste prévision : “La cause principale des morts violentes des commerçants a donc pour nom le suicide des petits entrepreneurs. Ce que montre notre enquête, c’est qu‘à l’avenir ces populations pourraient avoir une pratique suicidaire se rapprochant de celle des agriculteurs, déjà sombrement touchés par ce fléau.”
Cette situation exige une prise de conscience salvatrice. Chez les entrepreneurs, traditionnellement peu enclins à confier leurs soucis, elle a heureusement eu lieu. Au cours des douze derniers mois, 6 % des artisans-commerçants ont fait appel à une association d’aide ou de soutien, soit une proportion deux fois supérieure à celle de la moyenne des Français.
Pour aller plus loin : “Suicide : l’autre vague à venir du Coronavirus ?” par Michel Debout, 06/11/20, à consulter sur www.jean-jaures.org