La création ou le réaménagement de lieux de travail représente toujours une opportunité d’améliorer la performance des entreprises mais aussi le bien être et la santé au travail des salariés. Afin de ne pas la gâcher, voici une liste de 10 points d’attention à prendre en compte mis en évidence par l’INRS et les Caisses d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat) qui accompagnent les employeurs publics et privés dans ces projets cruciaux dans la vie d’une organisation.
Organisation des espaces de travail
L’aménagement des espaces de travail doit optimiser les flux de personnes, de matières, d’engins et d’informations. Il est essentiel de choisir un mode d’organisation spatiale adapté aux activités, comme les îlots fonctionnels ou la fabrication en ligne. L’implantation des espaces et des postes de travail doit anticiper les circulations et les croisements de flux, en privilégiant des cheminements courts et sécurisés, sans encombrement des voies de circulation. De plus, il convient de dimensionner les espaces en tenant compte de l’ensemble des activités, y compris l’exploitation, la maintenance et le nettoyage, en intégrant des aspects tels que l’accessibilité et les postures de travail.
Circulations
Pour éviter les risques de collision entre engins et piétons, les chutes de plain-pied et la pénibilité liée aux déplacements, il est recommandé de séparer les flux piétons des zones de circulation d’engins ou de
véhicules. Cela peut être réalisé en créant des zones d’expédition et de réception distinctes des parkings et des voies piétonnes, et en protégeant physiquement les allées de circulation piétonne. Il est également important de limiter les distances de déplacement en positionnant, par exemple, les zones de stockage de matières premières à proximité des zones de production, et en évitant les croisements de flux grâce à des processus de type «marche en avant» ou des circulations extérieures à sens unique.
SECURISER LES ATELIERS POUR PREVENIR LES CHUTES : Les escaliers constituent une zone à risque pour les salariés. Afin de limiter les chutes, l’INRS recommande de vérifier la conformité des installations : un éclairage suffisant (au moins 100 lux), non éblouissant, et des dispositifs d’allumage facilement accessibles ou automatiques. Les escaliers doivent être munis de mains courantes continues, rigides et facilement préhensibles, placées entre 90 cm et 1 m de hauteur. Si la largeur excède 1,20 m, deux mains courantes sont nécessaires. Les nez de marche doivent comporter des bandes antidérapantes bien contrastées.
L’entretien régulier joue un rôle crucial : les marches et mains courantes doivent être en bon état, l’éclairage fonctionnel, et les escaliers exempts d’encombrement. Un nettoyage fréquent est essentiel pour prévenir tout risque de glissade. Il est également conseillé d’éviter les revêtements glissants et de s’assurer que les marches soient uniformes en hauteur et profondeur.
Enfin, une communication claire auprès des salariés complète la démarche : privilégier l’ascenseur quand cela est possible, éviter de porter des charges encombrantes dans les escaliers, ne pas utiliser téléphone ou tablette en marchant, et signaler toute anomalie. La sensibilisation doit être régulière pour ancrer les bons réflexes et renforcer la sécurité collective. n
Pour en savoir plus : Fiche ED 6447 et brochure ED 6458, disponible sur www.inrs.fr.
Maintenance
La conception des locaux doit garantir des conditions d’intervention en sécurité pour les opérations de maintenance, d’entretien et de nettoyage. Cela implique de prévoir des accès spécifiques pour la maintenance, des espaces suffisants pour les interventions, et des protections collectives contre les chutes de hauteur. Intégrer ces aspects dès la conception permet de faciliter les interventions ultérieures et de réduire les risques pour le personnel concerné.
Éclairage
Un éclairage adapté est crucial pour assurer le confort visuel et la sécurité des travailleurs. Il est recommandé de privilégier la lumière naturelle en aménageant des ouvertures adéquates, tout en garantissant une vue sur l’extérieur à hauteur des yeux depuis les postes de travail. L’éclairage artificiel doit compléter la lumière naturelle en fonction des besoins spécifiques des tâches effectuées, en évitant les éblouissements et les zones d’ombre.
Qualité de l’air et confort thermique
Assurer une bonne qualité de l’air et un confort thermique optimal est essentiel pour le bien-être des salariés. Cela passe par une ventilation efficace, le contrôle des sources de pollution intérieure, et la régulation de la température et de l’humidité en fonction des activités et des saisons. Une attention particulière doit être portée aux systèmes de chauffage, de climatisation et d’isolation pour garantir un environnement de travail sain et confortable.
Acoustique
La réduction des nuisances sonores dans les locaux contribue à améliorer le confort et la concentration des salariés. Il est important d’identifier les sources de bruit et de mettre en place des solutions adaptées, telles que l’isolation acoustique des machines, l’utilisation de matériaux absorbants, et la conception d’espaces favorisant la diminution de la réverbération sonore. Une bonne gestion de l’acoustique participe à la prévention des risques liés au bruit, tels que la fatigue auditive et le stress.
REDUIRE LE BRUIT DANS LES ATELIERS : Le bruit constitue une nuisance majeure dans l’industrie, susceptible d’entraîner des troubles auditifs irréversibles, de la fatigue et du stress chez les salariés. Pour préserver leur santé et leur sécurité, l’INRS suggère de mesures préventives visant à diminuer l’exposition au bruit dans locaux industriels.
INTERVENIR DÈS LA CONCEPTION DES LIEUX DE TRAVAIL. L’INRS insiste sur l’importance d’agir dès la conception des lieux de travail. Il est recommandé de les traiter acoustiquement en installant des faux plafonds et en privilégiant des matériaux très absorbants de classe A. De plus, il convient d’éloigner les activités ou équipements bruyants des autres postes de travail et de prévoir des cabines aux parois intérieures absorbantes pour isoler les salariés des sources sonores.
OPTIMISER LES ÉQUIPEMENTS. Limiter le bruit passe par le choix d’équipements moins bruyants, comme le rivetage par pression ou les soufflettes silencieuses. Le cloisonnement ou l’encoffrement des machines bruyantes est conseillé. Souvent, un entretien régulier des machines permet aussi de réduire les nuisances sonores.
ÉVALUER L’EXPOSITION AU BRUIT. L’évaluation des risques repose sur des mesures avec un sonomètre pour identifier les zones bruyantes. Pour les salariés exposés, un dosimètre porté sur une période prolongée permet de comparer l’exposition aux seuils réglementaires. En cas de dépassement, des actions correctives sont nécessaires.
SENSIBILISER ET PROTÉGER LES SALARIÉS. La prévention passe aussi par l’information du personnel. Il est important de signaler les zones bruyantes, d’imposer le port de protections auditives adaptées et de former les salariés à leur bon usage. Un suivi médical régulier est recommandé.
En appliquant ces recommandations, les entreprises peuvent limiter le bruit dans les ateliers, améliorer les conditions de travail et protéger la santé des salariés. n
Pour en savoir plus : Fiche ED 6471, disponible sur www.inrs.fr.
Manutentions
Pour réduire les manutentions manuelles et les contraintes au poste de travail, il est recommandé de mécaniser ou d’automatiser les tâches répétitives et physiquement exigeantes. L’aménagement ergonomique des postes de travail, incluant la hauteur des plans de travail, la disposition des outils et des matériaux, ainsi que l’utilisation d’aides à la manutention, contribue à diminuer les risques de troubles musculosquelettiques et d’accidents liés à la manipulation de charges.
Stockage de produits chimiques et gestion des déchets
La prévention des risques liés au stockage de produits chimiques et à la gestion des déchets est cruciale pour protéger les personnes, l’environnement et les installations. Il convient de prévoir des zones de stockage spécifiques, ventilées et sécurisées, avec des dispositifs de rétention adaptés. La signalisation appropriée des substances dangereuses, la formation du personnel aux procédures de manipulation et d’élimination, ainsi que la mise en place de plans d’urgence en cas d’incident, sont également indispensables.
Incendie
Pour éviter le risque d’incendie et limiter ses effets sur les personnes et les locaux, il est essentiel de concevoir des bâtiments avec des matériaux résistants au feu, de compartimenter les espaces pour ralentir la propagation des flammes, et d’installer des systèmes de détection et d’extinction adaptés. Des issues de secours clairement signalées et facilement accessibles contribuent aussi à renforcer la sécurité en cas d’incendie.
Installations sanitaires et locaux sociaux
Les locaux sociaux – sanitaires, vestiaires, salles de pause ou de restauration – sont essentiels au confort des salariés. Ils doivent être en nombre suffisant, propres, bien ventilés et adaptés aux besoins réels. Intégrer ces espaces dès la conception permet de garantir hygiène, repos et convivialité, tout en respectant les obligations réglementaires. Un aménagement soigné favorise bien-être et cohésion au sein des équipes.
Conclusion
En somme, la création ou la réhabilitation de lieux de travail ne peut plus se limiter à une démarche purement fonctionnelle ou esthétique. Elle doit s’inscrire dans une approche globale intégrant la santé, la sécurité et la qualité de vie au travail dès les premières phases du projet. Les dix points clés énoncés par l’INRS dans sa brochure ED 6096 rappellent que chaque décision de conception a des répercussions concrètes sur la prévention des risques, l’efficacité des activités et le bien-être des salariés.
Adopter cette démarche, c’est investir durablement dans la performance humaine et organisationnelle de l’entreprise. C’est surtout, pour les maîtres d’ouvrage, une manière de se montrer responsables, engagés, et à l’écoute des réalités du terrain.
Pour en savoir plus :
Dépliant ED 6096,
disponible sur www.inrs.fr.